Comme d'habitude, première chose faire fondre la neige pour le thé et remplissage de la gourde, et là ce matin problème. Au bout de quelques minutes alors que j'ai un peu d'eau tiède, le réchaud ne fonctionne plus, j'ai peur d'être en panne de gaz ce qui serait très inquiétant après quatre jours car il reste sept étapes et je ne dois récupérer qu'une petite recharge de gaz (100gr) dans deux jours.
En démontant la tête du réchaud je constate, à son poids, que la cartouche est loin d'être vide et comprend que le gaz liquide commence à se gélifier, pourtant la cartouche Primus Power Gas est donnée pour être du gaz "4 saisons".
A partir de ce soir je mettrai la cartouche de gaz la nuit dans mon sac de couchage pour un réchauffage avant utilisation.
Malgré tout par précaution je décide d'abandonner le thé matin et soir, me contentant de fondre la neige pour avoir de l'eau froide, inutile de la porter à 60°.
Un manque d'eau verrait l'arrêt de ma randonnée, depuis hier je constate des signes de déshydratation, je ne bois qu'un bidon de 0,75L par jour alors que les premiers jours j'ai pas mal transpiré au soleil, l'hiver avec le froid on ne ressent pas le besoin de se désaltérer, c'est une erreur, il me faudrait au moins le double quotidiennement.
Après rangement de mes affaires je reprends le chemin, sortie de la prairie par une échelle identique à celle de la veille, à moins d'un kilomètre j'arrive au bac de Montmeyre, c'est un bac de décantation qui, s'il n'est pas gelé, pourrait compléter mon bidon d'eau.
Dans ce bac l'eau arrive en haut du premier compartiment au fond duquel se déposent les boues et autres impuretés, un mince filet coule en surface et rempli le second compartiment et ainsi de suite, après deux ou trois décantation l'eau est claire.
Mais au fond du premier je vois deux crapauds vivants ce qui m'incite à ne pas prélever d'eau au bout du bac, en y réfléchissant plus tard c'est sans doute une erreur, en quoi la présence de ces deux crapauds polluerait l'eau?
A proximité du bac de Montmeyre est érigée une stèle en mémoire de trois jeunes maquisards assassinés ici par les allemands en 1943.
En repartant je pense à eux, avec la sempiternelle question "Qu'aurai je fait à cette époque ?" moi, épris de liberté, la seule chose pour laquelle à priori je me serai battu.Ce n'est pas la première fois que je me la pose et n'ai toujours pas la réponse absolue.
70 ans plus tard, le jour même où la France rend un hommage solennel à Stéphane Hessel, au J.T. de 13h des retraités (propriétaire de leur maison et bonne retraite) viennent "s'indigner" du 1% qu'ils risquent de perdre sur celle ci, comble de l'ignominie le reportage se termine sur la casserole de soupe fumante sur la cuisinière (véridique). Quelle bassesse! quand d'autres luttent et perdent la vie encore et toujours pour ce droit fondamental.
Deux kilomètres environ après Montmeyre se trouve le bac de Ceyssat, il est recouvert d'une bonne couche de glace que je ne parviens pas à briser.
La neige commence à tomber, mon trajet se poursuit dans la forêt entre deux petits puys à peine perceptible.
Photo: Alastair Rae - Wikipedia Commons |
Je profite d'une pause pour un grignotage sur le pouce.
Je remarque tout près de là un arbre qui a subi les attaques d'un pic noir en y pratiquant des trous à la recherche de larves.
Mon étape doit être plus courte avec l'avance prise hier, je continue mon avancée dans une neige parfois profonde.
En sortant de la forêt on arrive sur le domaine du Grand Suchet, du Cliersou et du Puy Pariou.
J'ai prévu un bivouac dans les grottes du Cliersou, mais je sais leur accès un peu difficile.
Passant à proximité d'autres grottes prévues comme bivouac la semaine prochaine, je prends la décision de m'arrêter là car la visibilité se réduit et si le brouillard recouvre la zone j'aurai peut être du mal à trouver les grottes de Cliersou .
Je découvre une première excavation accessible à quatre pattes, mais qui au pire peut faire mon affaire.
Un peu plus haut, un ensemble de trois grottes me semble plus accueillant, me voilà prêt à m'installer dans mon nouveau trois pièces.
En haut, une chambre avec vue sur le Puy de Dôme, mais un peu ventée, en bas une pièce un peu basse de plafond et une plus vaste et dans laquelle je pense pouvoir caser ma tente, ce sera effectivement le cas à quelques centimètres près.
Me voilà installé de très bonne heure cette fois, il neige et fait moins froid.
Nous ne sommes qu'au milieu de l'après midi, le ciel se découvre, se couvre avec quelques flocons, je tourne un peu dans le coin ce qui me permettra d'apercevoir au loin un chevreuil, ce sera hélas le seul animal sauvage que je verrai en 11 jours alors que j'espérai bien avoir la chance de me trouver pratiquement nez à museau avec l'un d'eux, comme ce fut le cas avec des chamois à Super Dévoluy en janvier.
Cette grotte est un merveilleux endroit, j'ai envie de crier pour voir si je suis vraiment seul dans le coin car c'est le deuxième jour où je ne fais aucune rencontre, je crains que même avec la dégradation du temps, le week-end qui commence demain amène quelques randonneurs courageux sur mon chemin.
J'aime bien ma façon de vivre depuis cinq jours, je ne regarde l'heure que lorsque j'allume le téléphone en fin de journée, je ne porte plus de montre depuis des années, je vis au rythme de mes pas et de mon estomac. Je n'aurai passé que 11 jours dans la nature, mais la sensation d'être parti deux mois.
Loin de tout, regarder un arbre (je vais être servi dans les étapes à venir) ou des détails de la nature, oublier le monde qui tourne à l'envers et de plus ce soir, c'est festin! je déguste les rillettes de canard de l'Herbaudière... et le tout sans la télé !!
Elle est pas belle la vie !
****************
Profil altimétrique et parcours
En rouge, fin de parcours prévue et annulée. |
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire