lundi 4 mars 2013

Etape 2: Grotte Ribbe Haute - Puy de Charmont 9,07km

Au matin de cette seconde journée, le ciel étant resté bien dégagé toute la nuit, la température est plutôt basse, le réveil se fait avec le jour vers 7h15. Pour une première nuit je suis plutôt satisfait, je n'ai pas trop mal dormi et n'ai pas eu froid dans mon sac de couchage dont la température de confort est de -10°.

Première tâche matinale, faire fondre de la neige pour le thé du p'tit dej, pour un brin de toilette, pour remplir la gourde, pendant ce temps je retourne au chaud au fond du duvet, pas trop pressé d'en ressortir.

Toutefois 9 km m'attendent aujourd'hui et le temps de ranger mon sac et démonter la tente, il est 10h30 quand je lève le camp.













Je reprends durant quelques centaines de mètres le chemin par lequel je suis arrivé, sans mieux découvrir la fameuse grotte ratée hier. 

Mon itinéraire descend ensuite en pente douce à travers la forêt jusqu'au lac de la Cassière, le point le plus bas de mon parcours à seulement 860m d'altitude.







Au débouché du tunnel, je constate que la neige a bien fondu, d'ailleurs j'ai délaissé les raquettes depuis un bon moment, mon parcours me fait suivre une route durant quelques centaines de mètres avant de rentrer à nouveau dans la forêt.

Je m'arrêterai là pour reposer mon dos car le réglage du sac n'est pas encore au top et il est l'heure de déjeuner. 
Pique nique, torse nu au soleil, on est bien!

Repas constitué des mêmes éléments que la veille et qui seront au menu du lendemain, c'est à dire de ce que j'ai trouvé contenant un maximum de calories pour un minimum de poids et volume, autrement dit toutes les saloperies qu'on ingurgite à l'apéro ou pour grignoter, de quoi se prendre quelques kilos superflus en temps ordinaire, cacahuètes, fruits secs, barres céréales, kit-kat, Balisto, plus pâté de foie ou saucisson pour varier un peu... pratiquement rien en dessous de 500 calories pour 100gr, j'ajoute un sachet pour boisson énergisante dans l'eau et un cachet de Juvamine apportant la ration quotidienne de vitamines et sels minéraux.

A cette saison même pas une petite myrtille à se mettre sous la langue, dommage je m'en gaverai bien.


Avec mes randos de 9 à 10 km, je pourrai presque m'autoriser une petite sieste, j'en profite pour faire quelques photos.

C'est reparti, bientôt la sortie de la forêt... 






euh! je savais que j'avais bien marché depuis hier, mais tout de même, je n'en suis pas encore là, hélas!!








Un chemin qui se poursuit à travers champs, une rencontre avec un fondeur ou fondiste (il semble qu'on puisse employer les deux termes) avec lequel je discute un petit moment sur les randos, ses balades à ski de fond, ma petite aventure, le fondeur part d'un côté, le raquetteur (et non racketteur) de l'autre.  Ces randonnées sont propices à des rencontres marquées au minimum d'un "bonjour" ou de quelques mots amicaux.





Avant d'arriver au hameau de Fontclairant, je bifurque à droite vers le puy de Charmont au sommet duquel j'ai prévu de passer la nuit, mais réalisant que celui ci est couvert d'une forêt je trouve inutile de monter là pour ne rien voir, pas de vue sur le lac de la Cassière, et préfère poursuivre un peu plus loin, j'irai jusqu'au Col de la Ventouse avant de revenir en arrière pour établir mon bivouac au milieu de la lande. 


Endroit merveilleux couvert de petits sapins et de ce que je prends pour de la bruyère ( il s'agit en fait de callune ou fausse bruyère), qui me fait penser à la fois au paysage rencontré derrière SuperDévoluy par les petits sapins , et aux paysages photographiés par Chris Mc Candless par les touffes de bruyère dans la neige.

Le temps d'établir mon campement, de passer un SMS à Françis pour rassurer, et déjà le soleil décline, les couleurs sont magnifiques, contrairement à hier la tente restera ouverte plus longtemps jusqu'aux dernières lueurs, je réalise alors quelle chance j'ai d'être là, même si je le savais déjà.












J'ai pleinement conscience d'être un privilégié dans ce monde, ce que ne réalise pas la plupart des habitants des pays développés, même avec rien je suis un nanti. Oui, nous sommes des privilégiés, pour être né ici et à cette époque, nous formons la première génération qui n'a pas eu à affronter une guerre, comme nos parents, nos grands-parents, nos arrières grands-parents et vraisemblablement toutes les générations précédentes qui ont eu bien sûr leur part de bonheur, mais ont dû faire face à une vie plus rude qu'on ne peut l'imaginer, et tellement d'autres connaissent aujourd'hui encore les mêmes souffrances.
J'ai la chance d'être né en France, d'être un homme libre, d'avoir une santé presque insolente, de pouvoir rêver d'aventure, les conditions dans lesquelles je fais cette petite immersion dans la nature hivernale sont rudes, mais c'est intellectuellement facile, c'est mon choix quand pour d'autres c'est l'exclusion ou l'exil qui les a laissés sur la route, dormir dans la rue est une rude épreuve physique et morale pour eux, mais dormir dans une grotte ou bivouaquer la nuit par -10° comme je le fais est un plaisir et dès lors çà devient facile. Combien d'hommes sur terre peuvent seulement se permettre de rêver d'aventures et combien peuvent réaliser ce rêve ? Une quantité infime et j'ai cette chance d'en faire partie, se geler les cou.... pendant 10 jours de cette façon est un luxe, comme pour d'autres faire une croisière sur un yacht ou passer deux semaines dans un palace au bout du monde, c'est pareillement un luxe parce que rares sont ceux qui peuvent se le permettre.



Ma seconde nuit sous les étoiles m'attend.



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Etape 2: Profil altimétrique et parcours





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