lundi 28 avril 2014

Entre deux vagabondages.

Voilà une nouvelle petite aventure qui se termine.
Elle m'aura appris beaucoup de choses, je sais aujourd'hui que je peux partir plus loin, plus longtemps, il n'y a pas vraiment de limites. 2000 km ou 400 km c'est pareil, çà prend juste un peu plus de temps, je m'en sens capable, qu'est ce qui pourrait m'arrêter, je savais déjà que la neige était mon amie, je sais aujourd'hui que la pluie, le vent, le froid, ne sont pas mes ennemis, même si je m'en passe volontiers.
La météo ne m'a pas gâté, c'est le moins qu'on puisse dire, avec pluie et tempête à répétition, je n'étais d'ailleurs pas très bien préparé pour les affronter avec une tente pas véritablement étanche. Mais finalement je m'en suis bien sorti sans que çà devienne problématique et donc c'est riche d'enseignement pour une autre fois, à force je finirai par être au top.

J'ai les astuces pour garder mes affaires au sec, j'ai des idées pour protéger plus efficacement mon sac à dos, je sais qu'il me faudra une tente bien étanche, je vais encore réduire le poids du sac à dos. La prochaine fois ce sera encore davantage de plaisir en supprimant quelques désagréments, bien que ceux ci fassent partie de l'aventure, c'est ce qui pimente la randonnée, lui donne sa valeur, laisse des souvenirs, je n'ai donc pas à regretter totalement ce temps pourri.









J'ai déjà quelques idées qui devraient me pousser à randonner en vélo, ce qui permet d'aller plus vite, plus loin, avec sans doute un peu moins de fatigue, n'ayant pas à supporter le poids du sac à dos à longueur de journées.







Cette aventure fut celle d'une rencontre, le but de ce voyage.

En fait j'aurai aimé ne jamais le vivre, n'avoir jamais à randonner vers ce petit carré de sable au milieu du cimetière du Cap Ferret, j'aurai aimé découvrir l'Islande en septembre dernier avec Aurélien... Nils serait encore là avec nous.

Il reste parmi mes «héros» entre guillemets, comme d'autres personnes ordinaires qui ont réalisé des choses extraordinaires, dans le sens où elles sortent de l'ordinaire (extra-ordinaires), des centaines de personnes jeunes ou moins jeunes parcourent le monde, à pied, en vélo, en bateau, loin de chez eux ou tout prêt, l'aventure peut se trouver partout. Des inconnus qui vont vivre durant quelques mois ou années les moments les plus intenses de leur existence, sans avoir besoin de la reconnaissance de qui que ce soit.



L'aventure sied bien à la jeunesse, la mort peut en faire des « héros » comme c'est le cas pour Chris Mc Candless qui, pourtant, n'a fait que vadrouiller à travers son pays avec son sac à dos, que ferait il aujourd'hui en arrivant à la cinquantaine, aurait il poursuivi ses vagabondages, comment serait il jugé par ses congénères, peut être passerait il à leurs yeux pour un râté et pourtant, quelle vie!
Quand la mort frappe en pleine jeunesse on ressent là une injustice, qui est encore plus profonde si ce jeune avait donné un sens à sa vie. Il y a des disparitions qui m'ont marqué comme celle de Nils, nul besoin de connaître la personne pour être touché, avec mon côté photographe toujours gravé en moi, je pense parfois à Rémi Ochlik, ce photographe qui a perdu la vie il y a 2 ans en Syrie, une jeunesse prometteuse brisée, à sa mort j'ai lu dans un article qu'il avait reçu des prix pour ces reportages, j'ai vu ses photos et celles de certains de ses confrères de la même agence, sur les mêmes sujets, tous ces clichés apportent un même témoignage sur les événements en Syrie, tous sont aussi forts, pourtant les images de Rémi Ochlik sortent du lot, au delà du témoignage, elles sont esthétiquement belles, des images bien construites, des cadrages époustouflants et tout çà pris dans l'action, quel talent!
Leurs vies brisées s'arrêtent là, au zénith, mais c'est un peu eux qui donnent l'envie d'aller plus loin, ce sont des guides.


J'espère que Nils sera pour beaucoup de ceux qui l'ont connu un modèle, un guide, en particulier pour tous ses amis de son âge qui ne font que commencer leur vie d'homme. Quand ils connaîtront des moments difficiles, s'ils n'oublient pas Nils, son courage, son abnégation, sa volonté d'atteindre son but, sa soif de vivre, alors ils trouveront la force de surmonter leurs épreuves.




vendredi 25 avril 2014

390 kilomètres au compteur.

Jeudi 6 mars.

Réveil dans un lit pour ce dernier jour de randonnée, à la fois content d'être arrivé au bout et déjà nostalgique des journées passées.

Après un bon et copieux petit déjeuner, je quitte la chambre d'hôtes, direction Brouage, charmante bourgade au prestigieux passé historique. Je connais cet ancien port mais ne suis pas mécontent d'y revenir pour une nouvelle visite rapide.











Si aujourd'hui Brouage ne compte que quelques centaines d'habitants (150 intra-muros) autrefois ce fut un port important.

Dès l'entrée par la porte imposante, vous êtes informé « Voyageur, arrête toi ici car le sol que tu foules et l'air que tu respires sont imprégnés de gloire et de grandeur passées. »


Port à vocation commerciale dès le XIVè siècle, le commerce du sel de Brouage avait une dimension internationale et faisait vivre tout un peuple, sauniers, mariniers, pêcheurs de morue, jusqu'à 200 bateaux pouvaient venir mouiller au port.











A la fin du XVIè siècle, Brouage devint un port de guerre important, sous Louis XIII, le gouverneur était Richelieu, la ville comptait 4000 habitants (La Rochelle 20000 habitants à l'époque).










Ce qui constitue aujourd'hui des étendues d'espaces verts était occupé à cette époque par des grands bâtiments pour recevoir la troupe, on le voit sur la maquette de la cité au XVIIè siècle, toute la cité était quadrillée de rues disparues depuis.

La garnison comptait 600 hommes en temps de paix et la place était conçu pour en recevoir près de 5000 en temps de guerre. Les graffitis sur les murs témoignent de leur présence, certains ont gravé leurs noms pour la postérité, tel ce Guillaume Inger, ce nom étant plutôt rare je l'ai noté, alors était ce Guillaume Inger originaire du Loiret né en 1612 ?






Mazarin, devenu gouverneur, y exila sa nièce, Marie Mancini, courtisée par le jeune Louis XIV, une plaque rappelle cette idylle royale. 

La ville fut modernisée par Vauban pour prendre sa forme actuelle.







Toutefois en raison de la baisse du niveau de la mer et à défaut d'une rivière drainante, l'horizon maritime s'éloigna pour laisser place à une étendue de marais, l'ascension de la ville de Rochefort voisine plongea Brouage dans l'oubli.







A la révolution, Brouage devint un centre de rétention pour des centaines de suspects ou prêtres réfractaires.
Enfin c'est à Brouage que naquit Samuel De Champlain, explorateur et cartographe, fondateur de Québec.




A la sortie de Brouage, j'emprunte le GR4 qui suit une petite route à travers les marais.









A peine sorti des remparts de la cité, j'aperçois les premiers oiseaux qui nichent ici, quelques canards colverts et d'autres qui sillonnent le ciel.


Aujourd'hui j'ai tout mon temps avec une distance à parcourir de 17 km environ, je vais en profiter pour essayer de prendre en photos quelques uns de ces oiseaux, même si je ne dispose pas d'un télé objectif très important, ni d'un pied pour éviter les mouvements de l'appareil.

Les canards ne sont pas les plus faciles à prendre en vol et les autres sont difficiles à approcher, les plus nombreux ici sont les cygnes sur les différents canaux, par contre je suis surpris de ne voir que très peu de hérons alors que j'en avais vu un tout près de Hier... hier.








Après quelques kilomètres, dans un champ a été installé un nichoir pour cigognes, et celui ci est occupé par un nid et une cigogne, je m'approche pour prendre une photo pensant que je n'aurai peut être pas la chance d'en revoir une autre plus loin.


Passé quelques écluses, je délaisse la petite route pour suivre le canal dit de la Bridoire bordé de nombreux arbres, et là j'ai une énorme surprise, un arbre sur trois environ accueille un nid de cigogne et pratiquement tous les nids sont occupés par une cigogne ou un couple.














Ces oiseaux magnifiques se trouvent à 5 mètres seulement au dessus de moi, pas farouches ils me laissent les observer tranquillement, j'ai même droit parfois à l'envol de l'une d'elle qui revient avec de quoi nourrir les petits cigogneaux que je ne peux apercevoir.

J'ai bien dû rester là une heure, en profitant pour le dernier pique-nique sous le regard des cigognes.















Je quitte le canal au niveau de la route de Rochefort à Saintes pour suivre la petite départementale bien calme de St Aignant à Echillais, bientôt apparaît au loin le pont transbordeur du Martrou, point final de ma randonnée.


Bien qu'ayant vécu près d'ici, je ne suis jamais venu voir ce pont transbordeur seulement aperçu de loin. Autrefois c'était le point de franchissement de la Charente au sud de Rochefort, puis un pont levant l'a remplacé durant plusieurs années, mais avec l'accroissement de la circulation ce pont créait des bouchons à chaque passage d'un bateau.

Aujourd'hui c'est un pont plus long et haut qui enjambe le fleuve, tous les bateaux pouvant passer en dessous à l'exception de l'Hermione, la reproduction du navire de Lafayette reconstruite à la Corderie royale.









Le pont transbordeur fonctionne encore pour les touristes piétons qui traversent ainsi dans la nacelle au dessus de l'eau du fleuve.



J'ai donné rendez vous à 17h, à mes amis, Catherine et Jackie, que je retrouve avec plaisir après ces 390 kilomètres de randonnée, content d'être parvenu au bout de ce défi.






mercredi 23 avril 2014

Au revoir, pinède et océan.

Mercredi 5 mars.

Le soleil est là, qui brille enfin, pour un voyage qui sent la fin.

Ce matin je vais quitter la pinède et l'océan, la plage et les pistes cyclables, mon quotidien depuis deux semaines déjà. Encore une quinzaine de kilomètres avant de me retrouver le long des routes, ma hantise selon la fréquentation.






Cette journée représente une véritable transition entre le littoral et les routes plus calmes qui me feront traverser les marais.

Après un court passage par la plage je rejoins la forêt jusqu'à Ronce-les-Bains, et profite d'une aire de pique nique pour déjeuner au calme.


Ensuite c'est le retour sur la route, avec la circulation qui augmente quand on s'approche de La Tremblade, avant de traverser la Seudre par le pont qui mène à Marennes, pays de l'huître.









Du pont j'ai une dernière vision de l'océan et de l'île d'Oléron. 


                             


                                      
     


Parvenu à Marennes au rond point de la route vers Oléron, j'ai 2 km à parcourir en enfer! 

Voitures, camions, qui passent à moins de 3 mètres, j'ai hâte d'être sorti de là et de rattraper la petite route qui remonte vers Rochefort en passant par Brouage, là on est plutôt au rythme d'un véhicule toutes les cinq minutes.


On approche la zone des marais et les premiers grands oiseaux apparaissent, hérons, oies, cigognes au loin.


















J'ai prévu de m'arrêter ce soir à Hier près de Brouage, dans une chambre d'hôte que j'ai réservé ce matin et suis heureux d'y parvenir en fin d'après midi après une journée de rando de 26 km, avec le plaisir de la douche et d'un bon lit.




Demain soir je serai parvenu au terme de ma randonnée, cette dernière étape ne fait que 17 kms, dont une grande partie à travers les marais et le long d'un canal où j'espère prendre quelques clichés de la faune et des oiseaux qui séjournent là l'hiver, contrairement à aujourd'hui où j'ai surtout marché pour m'avancer suffisamment, délaissant l'appareil photo.






lundi 21 avril 2014

Premiers pas en Charente-Maritime.

Mardi 4 mars.

Ce matin je quitte la Gironde, pour entamer l'ultime partie de cette randonnée, c'est sous un ciel encore gris et quelques dernières gouttes que je rejoins l'embarcadère de la Pointe de Grave pour le bac de 9h30. Quelques véhicules sont déjà à bord, d'autres arrivent encore ainsi que des passagers piétons.



En me promenant dans le bateau de Transgironde, financé par le Conseil Général, je remarque quelques affiches vantant l'attrait touristique du département, dont une, pas très récente, de la gabare «Deux Frères» au temps où elle était encore propriété de notre association «Chacun sa Mer».








Traversée plutôt calme, avec très peu de houle, on croise quelques cargos qui font route vers le large et on aperçoit au loin Cordouan, le plus beau phare de France et peut être du monde, qui a 400 ans.

Côté Charente-Maritime, c'est le soleil qui nous accueille, parfait pour reprendre la route dans les rues de Royan...







...apercevant une station de bus je constate qu'il y en a un qui passe dans moins d'une heure, allant jusqu'à Terre Nègre à la sortie de St-Palais, je n'hésite pas car traverser Royan, Vaux-sur-Mer et St-Palais pas les rues ne me tente guère, en attendant je fais un tour sur le port et les arcades. 


















En ¼ heure de bus, je suis tout près du petit phare de Terre Nègre et entame la suite de la rando le long de la côte découpée, avec ses carrelets traditionnels pour la pêche, avant de descendre sur la plage de la Grande Côte qui mène à La Palmyre.














Superbe plage marquée par la présence de nombreux blockhaus, qui protégeaient la poche de Royan et l'entrée de l'estuaire de la Gironde durant la seconde guerre mondiale, Bordeaux étant une des principales bases de sous-mariniers allemands, les sous-marins remontaient par la Gironde, en 1945 la ville de Royan fut bombardée et presque totalement en ruines.




Les blockhaus ici comme à d'autres endroits, servent de support aux tagueurs pour donner libre cours à leur inspiration, textes, dessins, ou simplement de la couleur sur les murs en décomposition qui donne des tableaux abstraits.









La plage a connu les méfaits des dernières tempêtes qui ont rongé la dune en lisière de la forêt, dont les premiers arbres n'ont pas résisté.













J'ai pensé à tort que La Palmyre connaitrait une certaine activité, même en cette saison, avec l'ouverture du zoo qui attire de nombreux visiteurs. 


Moi qui n'ai pas rencontré beaucoup d'animaux durant ma randonnée, si ce n'est les mouettes, j'ai plaisir à contempler les magnifiques flamants roses dont le bassin est juste à l'entrée du parc, un peu loin je peux apercevoir une girafe et quelques singes. 





Mon problème actuel est de trouver du ravitaillement pour la soirée et la journée de demain, je suis passé devant une station service avec boutique, il y a un bon kilomètre, sans m'y arrêter et me retrouve le bec dans l'eau, le magasin Carrefour Market est fermé ou plutôt a été ouvert par une voiture bélier dans la nuit et cambriolé, donc le gérant est en train de nettoyer les premiers dégâts et il me paraît difficile de lui demander de me vendre quelques paquets de gâteaux, finalement ma quête se terminera dans un fast-food qui me préparera sandwichs, part de flan et canettes de jus de fruits pour ce soir et demain.

Maintenant que je suis paré, direction le phare de la Coubre qu'on aperçoit au loin et qui marque l'entrée de l'estuaire avec celui de Cordouan situé au large. 








La piste qui longe la côte me fait passer devant une zone protégée par un grillage bâché, surmonté de fils de fer barbelés et entourée par une clôture électrique, je pense bien sûr à une installation militaire liée au phare de la Coubre, mais quelle n'est pas ma surprise lorsque j'aperçois les premiers mobil-home, cette zone protégée n'est autre qu'un village de vacances, il ne manque que les miradors aux quatre coins pour se croire dans un camp de concentration, je m'imagine bien le matin ouvrant la fenêtre de la chambre du bungalow avec la vue du grillage surmonté d'un rang de barbelés. Bon, après c'est sûr il ne se feront pas voler dans la nuit le slip de bain qui sèche sur le fil à linge, mais décidément je ne comprendrai jamais une grande partie de mes contemporains.




Le phare de la Coubre est majestueux, fin, élancé, presque le stéréotype du phare, blanc et rouge. Même sans possibilités de visite, il attire de nombreux promeneurs comme tous les phares, monuments magiques qui relie les hommes de la mer avec la terre leur permettant de se diriger et se protéger d'un écueil.



Au phare, je goûte une petite pluie fine qui commençait à me manquer et qui persistera une heure durant le temps d'arriver au lieu du vieux phare, je poursuis encore durant quelques kilomètres en forêt pour m'avancer sur l'étape suivante car j'aimerai être vers Brouage demain soir, hormis le trajet en bus j'ai accompli 23 km aujourd'hui, une bonne moyenne pour une randonnée redevenue agréable.


Une dernière vision de l'océan, le vent est encore trop fort pour camper là et retourne m'installer dans la pinède dans ma tente trempée que j'ai oublié de faire sécher à midi avec le vent et le soleil.







 A priori ce devrait être mon dernier bivouac, en effet demain en arrivant vers Brouage, je suis dans une zone de bassins ostréicoles ou de marais dans lesquels il me sera impossible de camper, j'ai noté l'adresse de deux chambres d'hôtes à Hier-Brouage pour y passer ma dernière nuit d'aventures et transition vers le retour dans un autre monde.