vendredi 28 mars 2014

Où je retrouve l'océan... et la pluie.

Mardi 25 février:

Une petite lueur commence juste à poindre dans le ciel, lorsque je suis réveillé par le bruit d'engins de chantier au loin. Comme il n'est que 7h00, je reste encore une heure blotti au fond du duvet, avant le rituel quotidien, brin de toilette, petit déjeuner, démontage du campement.

Un kilomètre ou deux après le départ, je rencontre les engins qui ont rompu mon sommeil.

Je ne sais pas quelle image vous avez du métier de bûcheron, en tout cas pour moi une remise à niveau s'impose ce matin là.



Oubliez cette vision du bûcheron maniant la hache avec dextérité dans les bois, faut plus rêver...dommage









oubliez celle de la tronçonneuse même si elle peut être encore d'actualité...


mes grands-oncles Kléber et Marceau Robinet qui furent bûcherons durant quelques années seraient stupéfaits.

Deux engins, aussi colossaux que rutilants, s'activent dans la pente de la pinède avant Biscarosse-Plage, avec à leurs commandes deux bûcherons des temps modernes.

Je les ai observés durant un bon quart d'heure, très impressionné. Montre en main, entre le moment où tombe un premier pin maritime et la chute du suivant, il se passe deux minutes, pas une seconde de plus.


Tronçonnage du pin












En l'espace de ces deux petites minutes, le premier engin sur chenilles, aura tronçonné à sa base un pin maritime de 15 ou 20 mètres de haut, l'aura couché...

Elagage
puis élagué toutes les petites branches qui poussent le long du tronc et vers le sommet, enfin l'aura débité à la longueur requise (2,2 à 2,5m), avant de passer à l'arbre suivant.




















Un peu plus loin le débardeur sur le second engin, charge les troncs débités...



et va les ranger le long du chemin où ils seront ramassés un peu plus tard.



A ce rythme, nos deux bûcherons auront abattu et conditionné 250 pins maritimes dans la journée.



La parcelle sera alors nettoyée, ressemblant ainsi à un champ de guerre, avant d'y voir pousser des semis qui vont croître assez rapidement, la boucle est bouclée.












Après cette leçon, je parviens à Biscarosse-Plage que j'ai connu il y a 25 ans à la belle saison, inutile de vous dire que je ne reconnais plus rien. 



Bien que plus importante que bon nombre de stations rencontrées dans les Landes, Biscarosse-Plage est presque aussi déserte, toutefois en cherchant bien je découvre dans une supérette de quoi assurer les repas du jour, 2 ou 3 personnes dans les rues, un papa avec sa petite fille, un joueur de pelote basque sur le fronton accompagné de ses deux chiens qui viennent me voir pendant que je grignote assis sur un banc.

Je vais tout de même voir l'océan, sous un ciel menaçant annonceur de pluie, le vent étant toujours aussi fort je regagne les pistes intérieures qui vont me conduire vers les premières plages au sud du bassin d'Arcachon.



Durant une dizaine d'années, j'ai résidé et travaillé ici dans les années 80, toutes ces plages me sont familières, y venant les week-end ou en semaine entre midi et quinze heures avant l'affluence estivale.
La première rencontrée est celle de la Salie qui reçoit habituellement les surfeurs, ensuite on trouve la plage naturiste de la Lagune, puis le Petit Nice plus proche de Pyla-sur-Mer.

En général nous venions à la Lagune où des copains tenaient une sorte de paillote, de quoi nous rafraîchir au retour de la plage. 

Les baraques, paillotes de l'époque ont disparu, laissant place à un restaurant, contrairement à autrefois le parking est tout proche de la plage, soit il a été avancé, soit la mer a gagné sur la côte car déjà à l'époque la configuration des lieux évoluait d'une saison sur l'autre.


De la plage on peut apercevoir au loin le phare du Cap Ferret de l'autre côté du bassin.
Je remarque une chose qui n'a pas changé, le parking de la Lagune est toujours un lieu de drague et de rencontre gay, en le traversant je remarque le ballet de 3 ou 4 voitures, deux hommes sortant d'un bosquet partant chacun de son côté, un peu plus loin j'ai droit à un petit appel de phare, sans doute l'envie de se faire un randonneur pour changer des habitudes. Là, franchement, il faut se faire soigner, nous sommes au mois de février, il y a tempête, il pleut et çà caille!

Passé le Petit Nice qui n'a rien à envier à la Lagune sur le dernier point évoqué, je descends le long de la route vers Pyla-sur-Mer en longeant la dune du Pilat par l'arrière, hélas je n'aurai pas droit à la vue de la dune depuis la plage.



Depuis la Lagune la pluie devient de plus en plus forte, en cette fin d'après midi la nuit viendra rapidement. Trouver un lieu tranquille pour le bivouac n'a rien d'évident, car en s'approchant de Pyla-sur-Mer et La Teste, les résidences, campings et même hôtels commencent à devenir nombreux, entre deux j'arrive à prendre un petit sentier dans la forêt et m'installe très rapidement au milieu de hautes fougères, même proche de la route l'endroit est discret et de toute façon qui viendrait se promener ici à la tombée de la nuit à part un taré de mon espèce.
Il pleut, il pleut, je me glisse trempé dans une tente mouillée montée en 5 minutes, dans laquelle j'ai engouffré mon sac à dos détrempé lui aussi, dans cet espace exigu je me livre à une incroyable gymnastique pour installer le matelas, le gonfler, dérouler le duvet, le rentrer dans le sursac, retirer mes chaussures et vêtements de pluie en évitant de mouiller ce que j'ai encore de sec sur moi, enfin je peux m'allonger et respirer un peu, je suis en sueur après cet exercice, un peu de repos, déguster mon repas, je serai vite au lit ce soir, demain sera un autre jour.






mardi 25 mars 2014

Retour vers l'océan.

Lundi 24 Février.

Normalement, je ne devrai pas avoir de mauvaise surprise aujourd'hui, le ciel est au beau et mon itinéraire figure intégralement sur mes cartes, 21 km à parcourir pour parvenir à nouveau dans un camping à Biscarosse près de l'étang de Sanguinet, avant de retrouver demain la côte atlantique.

Ce ne sera pas une balade en forêt, car je vais être sur les ¾ du parcours en ville ou zone industrielle ou commerciale, toutefois contrairement à la veille je serai beaucoup moins importuné par les voitures, en effet de la sortie de Gastes jusqu'à l'entrée de Biscarosse je marche sur une piste cyclable longeant la route.

Photo: camping-landes-le blog
Finalement je suis plutôt content de marcher aussi souvent sur les pistes cyclables, de croiser des cyclotouristes qui me ramènent à Nils.

Je ne pense pas qu'il ait roulé sur beaucoup de pistes semblables dans les pays qu'il a traversé l'année dernière au retour de la Turquie, sauf sur la fin en France et peut être en Italie, aussi je trouve encore plus remarquable cette traversée réalisée sur route.

Je l'ai constaté hier, pour moi, rencontrer une voiture toutes les dix minutes ne pose pas de problème, mais dix voitures à la minute est quelque chose d'infernal pour un marcheur. L'automobile devient alors une vraie nuisance, pollution visuelle au milieu de la nature environnante, pollution de l'air que je respire, pollution du silence ou du chuchotement de cette nature qui devrait m'entourer ici, pollution de ma liberté tout simplement car je me sens enfermé dans ce couloir de 50 cm d'herbe qui longe la route.

Cette crainte de la nuisance des véhicules a pesé dans mon choix pour cette randonnée, lorsque j'ai hésité entre un parcours à pied et un autre mi-pédestre mi-vélo, même si j'y pense, il me faudra étudier sérieusement le parcours pour emprunter des routes tranquilles.



C'est sous un beau soleil que je démarre vers 8h30, sur 5km environ, je suis encore dans la campagne au milieu d'un paysage de landes humide avec sa plante caractéristique, la molinie, qui envahi les semis de pins. 





Ensuite, je parviens aux premières zones d'activités et d'habitations qui ne me quitteront plus de la journée, à part la mienne pas l'ombre d'un randonneur dans le coin.

Un panneau m'indique que sous mes pas passent des canalisations d'hydrocarbures, en effet on trouve ici plusieurs puits de pétrole autour et dans l'étang de Biscarosse.





La piste cyclable est en partie inondée, m'obligeant à faire plusieurs détours dans le bois avant de la retrouver, ou encore à me déchausser pour traverser dans les 15 cm d'eau qui la recouvre sur une cinquantaine de mètres.


Il est un peu plus de 10h lorsque j'arrive à Parentis-en-Born, n'ayant grignoté qu'une barre céréale ce matin, il est encore temps de prendre un petit déjeuner dans un café avant de faire quelques provisions pour la journée.

Le randonneur que je suis, se sent hors de son milieu naturel avec la proximité des entreprises, garages, magasins, installés de l'autre côté de la route, heureusement côté piste cyclable c'est encore la nature qui prévaut jusqu'à l'approche de l'aérodrome de Biscarosse, idéal pour le pique nique dos à la route.

















Aujourd'hui la piste reçoit des cyclistes sportifs, en solitaire ou petit peloton.




A l'entrée de Biscarosse, un rond point nous rappelle que la cité est la capitale de l'hydravion en France depuis plus de 80 ans. 







En effet un jour, Biscarosse village de résiniers que rien ne désignait pour un destin aéronautique, fut choisi par Pierre Georges Latécoère pour devenir le lieu de montage et d'essais des plus grands hydravions français. C'était en 1930, le lac vit ainsi partir plus de 120 hydravions gigantesques, on les appelait les «paquebots des airs», à destination de New-York ou Fort de France. 

Aux commandes de ces prestigieux appareils, des aviateurs tels que Mermoz ou Saint Exupéry ont créé la légende. 
Aujourd'hui un musée de l'hydravion retrace cette épopée.






Pour rallier le camping situé au nord de la ville, je choisis de la traverser par de petites rues tranquilles plutôt qu'un passage par le centre ville, d'autant qu'il y a en final un petit chemin en forêt sur un kilomètre, et que les mimosas sont en fleur dans tous les jardins.

J'arrive au camping vers 16h30 après 21 km d'une marche plutôt agréable. Je ne trouve pas de bureau d'accueil et là encore nous sommes au royaume du mobil-home. Apercevant un résident je vais me renseigner auprès de lui pour savoir où m'adresser, c'est ainsi qu'il m'apprend que le «camping» n'accepte plus de campeur, un comble! Toutefois je suis prêt à louer un mobil-home pour la nuit, mais pour çà aussi il doute que ce soit possible, ce qui est confirmé par le gardien qu'il a appelé devant moi, l'établissement ne fait que des locations de mobil-home à l'année ou à la saison, le dit gardien conseillant de voir le camping voisin, une façon de me dire d'aller me faire f....


Le terrain à côté est fermé, ce que je savais déjà, bref me voilà ce soir à la rue juste à la sortie de Biscarosse au bord de l'étang de Sanguinet, avec ses petits ports, ses plages, c'est à dire en un endroit habité où il est impossible d'installer mon bivouac. 

Je n'ai plus d'autre choix que poursuivre ma randonnée du jour vers Biscarosse-Plage, en longeant le lac qui a largement débordé, parvenu vers Port Maguide, sur un ponton je fais le plein avec l'eau du lac, avant de m'enfoncer dans la forêt sur la piste cyclable sinueuse à cet endroit, jusqu'à trouver un coin bien protégé étant assez proche de la route et de quelques villas.


Ce soir encore je peste contre ce terrain de camping qui n'en a que le nom et trouve inadmissible qu'il soit répertorié sur un site internet en tant que «camping ouvert à l'année»...je vais me faire un devoir et un plaisir d'émettre mon opinion sur le dit camping.
Encore une journée de plus de 25 km, la troisième d'affilée, bientôt à mi chemin je commence à rêver d'un jour de repos, si les jambes suivent sans problème ce rythme de 25 km, le dos apprécie un peu moins, d'ailleurs pour les jambes ce qui est paradoxal est que j'éprouve chaque fois un passage plus difficile vers le 15è kilomètre mais passé le cap des 20 bornes, sans le sac à dos, je crois que je pourrai aisément en accomplir 10 ou 15 de plus.




Comme chaque jour lorsque mon bivouac est installé, je pense à Nils, je suppose qu'à ce moment là on a le même sens de la discrétion pour camper, on revit notre journée, on réfléchit à la suite et à cet instant, quand on se sent et se sait seul au milieu de la nature, on se délecte de cette plénitude des sentiments.
Ce soir le bruit de la circulation qui s'atténue fait place rapidement au grondement régulier de l'océan que je sens tout proche et que j'ai hâte de retrouver demain.









jeudi 20 mars 2014

Une journée à oublier.

Dimanche 23 Février.

Quelle belle nuit ! 10 heures de sommeil d'affilée, dans un lit douillet, çà change des nuits précédentes.
Le temps de ranger tout mon attirail parfaitement sec, de reprendre une bonne douche par gourmandise, d'avaler un petit déjeuner qui me paraît copieux comparé à mes barres céréales habituelles, il est temps de reprendre la route. 
La météo prévoit deux jours de beau temps avant un retour de la pluie.

Je fais le ravitaillement pour la journée dans un supermarché à proximité, inutile de trop me charger sachant que dans les trois jours qui viennent je trouverai sans difficulté des commerces. 
En effet j'ai quitté la côte à Mimizan-Plage pour contourner le Centre d'Essais des Landes dont l'accès est interdit, même le long de la côte, les deux prochains jours vont me permettre de rejoindre l'océan à Biscarosse-Plage.

Ce n'est pas la partie la plus intéressante de mon parcours, les sentiers de randonnée sont inexistants et les pistes cyclables plutôt rares, de plus avec cet arrêt à Mimizan-Ville je suis sorti de mon itinéraire prévisionnel pour lequel j'ai une série de photocopies de portions de cartes IGN.

Autrement dit je pars ce matin sans carte, en théorie je devais passer au nord de l'étang d'Aureilhan, mais étant plus bas je le longe au sud.






Les eaux de l'étang sont au plus haut avec les dernières précipitations et les abords inondés, toutefois c'est un bel endroit avec une plage aujourd'hui sous les eaux, un petit port, et bien entendu des campings villages mobil-home, qui poussent comme des champignons au milieu des pins des Landes.














Après le lac, je suis la route jusqu'à St Paul-en-Born à 4 km, où je rate une piste cyclable accroissant ainsi mon parcours de 2 bornes, et poursuis vers Pontenx-les-Forges 4 km plus loin. 
Parcourir 8 km le long d'une route bien fréquentée est vraiment pénible, j'en arrive à penser que l'automobile est la pire invention du XXè siècle.


Ancienne gare de St Paul-en-Born
Je m'imagine un siècle plus tôt, marchant sur un chemin de terre ou empierré, ne rencontrant qu'une ou deux charrettes tirées par des chevaux, un paysan, pas pressé, se serait peut être arrêté pour savoir où je vais en vagabondant ainsi, ma besace sur l'épaule, aurait partagé un quignon de pain, un bout de fromage et offert un canon de rouge sorti de sa musette, avant de m'inviter à prendre place dans la paille de son tombereau pour un brin de route, et au lieu de tout çà j'ai droit à des vroom tonitruants, quel progrès !


Je me demande parfois ce que feraient certains de nos grands inventeurs s'ils voyaient ce qu'on a fait de leurs découvertes. Graham Bell aurait-il travaillé sur son idée de téléphone s'il avait su qu'un siècle et demi plus tard les adolescents passeraient une centaine de SMS chaque jour ?



L'homme a toujours eu un talent d'invention fantastique, et un talent tout aussi remarquable pour dénaturer, galvauder, ses inventions jusqu'à en devenir esclave, c'est là un véritable prodige du cerveau humain. 
L'être humain devrait tendre vers une recherche constante de plus de liberté, pourtant il s'entoure chaque jour de nouvelles conditions pour être réduit en esclavage. Au contraire ,«je m'entête affreusement à adorer la liberté libre» , la phrase n'est pas de moi mais d'Arthur Rimbaud, elle me colle bien à la peau sur cette route ce matin.



J'ai vu aussi que depuis quelques kilomètres je suis un chemin de Compostelle, je plains les pauvres pèlerins de passer sur une route comme celle ci, même si ce n'est que sur quelques kilomètres.


A Pontenx, direction Ste Eulalie-en-Born, toujours le long d'une route mais sans voiture, quelle transition, ouf. Après 3 km, je retrouve un endroit visible sur mes morceaux de cartes, et peux reprendre mon itinéraire à travers les landes. 




Ici les chemins sont tels qu'on les imagine dans cette région, c'est à dire rectilignes. 






Ainsi au bout d'un moment je m'aperçois que je dois parvenir tout au bout à peine visible à 2 km de là et en me retournant je constate que je viens d'un point guère plus visible à 2 km également, 4 bornes tirées au cordeau.


Encore un imprévu avec une zone marécageuse que je devais traverser sur un sentier aujourd'hui sous les eaux, ce qui m'oblige à modifier mon chemin et hélas à sortir à nouveau de la carte en poursuivant au pif.


Je suis une vague direction par rapport au soleil, qui doit m'amener pas très loin de Gastes, ma destination du jour. Apercevant une ligne électrique au loin, je me dirige vers elle et débouche ainsi après 4 à 5 km sur une route qui doit arriver à Gastes.

A un carrefour, je décide de m'assurer d'être dans la bonne direction, et fait signe à une voiture arrêtée à un stop. Il s'agit d'un jeune couple, la trentaine, la passagère me fait un non de la tête, pensant sans doute que je fais du stop, je refais un rapide geste pour lui demander de baisser sa vitre, ce qu'elle fait enfin, euh! j'ai une tenue correcte, suis propre sur moi, avec un sac à dos, l'appareil photo en bandoulière, elle a peur de quoi?

«Suis-je dans la bonne direction pour Gastes, est-ce encore loin?» demandai-je.
«Non, c'est juste à côté après le rond point».
«Merci beaucoup»...
Juste à côté après le rond point ... 3 bornes plus loin ! Sales c... ! Décidément le fait de monter dans leur bagnole, en rend certains minables, et quand je pense qu'ils n'ont que 30 ans, çà promet pour leur avenir dans l'échelle de la connerie.


Çà y est, je suis enfin à Gastes, ce soir j'ai prévu un arrêt dans un camping répertorié sur un site internet comme étant ouvert à l'année. A l'entrée, bureau d'accueil fermé le dimanche, un numéro de téléphone est indiqué, j'appelle, tombe sur un répondeur, j'indique que je m'installe et les verrai le lendemain.
Comme tout bon camping dans la région, 90% de la surface est couverte de mobil-home occupés en partie par des résidents à l'année, tout au fond derrière, un endroit pour reléguer quelques caravanes, et au milieu, autour des sanitaires, une surface permettant de disposer une quinzaine de tentes, sur laquelle je pose la mienne.

Après ma longue marche, j'espère bien profiter ce soir d'une douche, une petite visite dans le bloc sanitaire me fera vite déchanter, pas un WC ouvert, ni douche bien évidemment, pas même un point d'eau disponible pour ma bouteille, heureusement je pourrai la remplir auprès d'un résident. Inutile de vous dire que je quitterai les lieux le lendemain avant l'ouverture du bureau d'accueil, et ne vais pas me priver de donner mon avis de consommateurs sur le site internet au sujet de ce «camping ouvert toute l'année».





Au total 28 km, soit 7 de plus que prévu dans mon itinéraire, assommé par les voitures, et tout çà pour finir dans un terrain de camping qui est comme un bivouac en beaucoup moins bien, la lumière du lampadaire à 10m de la tente, bien que m'éblouissant, fait pâle figure à côté de la lune et au bivouac je n'ai pas besoin de faire 100m pour sortir du camping afin de soulager un petit besoin. Quelle journée ! La pire de mon voyage, sans aucun doute, même une journée sous la pluie, en forêt, a plus de charme.






lundi 17 mars 2014

Le long des pistes cyclables

Samedi 22 Février:

Le ciel me gratifie depuis hier d'une alternance de nuages et d'éclaircies, de soleil et de pluie. Ce fut le cas encore cette nuit, sauf pour le soleil vous vous en doutez, remplacé par la lune, mais de fréquentes averses sont venues mouiller ma tente qui n'en avait pas besoin, bref je suis ce matin dans le même état humide que la veille.

La toilette est aussi brève qu'hier, un coup de brosse à dents et un peu d'eau sur le visage.
Le petit déjeuner est pour le moins frugal, je grignote en effet mes deux dernières barres céréales, bien sûr mon sac à dos est plus léger mais j'aimerai bien avoir quelque chose à me mettre sous la dent avant ce soir, car 25 bornes m'attendent pour parvenir à Mimizan-Plage.






Cette matinée débute sous un ciel gris clair par un cheminement à l'arrière des dunes à travers la lande durant environ 2 km, avant de rattraper la piste cyclable qui serpente ensuite jusqu'à Contis-les-Bains à 6 km.





 J'y arrive vers 10 h, me dirige vers le centre du village et les commerces, en suivant la rue qui mène vers la plage … un désert !

Mon estomac me conseille de ne pas repartir sans être passé partout, la rue qui suit la côte, supérette fermée, la place de l'église, boulangerie fermée, une rue qui remonte vers mon point d'arrivée, l'enseigne d'un tabac presse est éclairée et en m'approchant je lis ces mots magiques: «dépôt de pain». 

Certains rêvent de gagner au loto, d'une voiture de luxe, d'un voyage au bout du monde, l'essentiel de mes désirs en ce moment va être comblé par une baguette de pain. 


D'autant que ce brave commerçant n'a pas que çà à me proposer, je prends une chocolatine à grignoter de suite, une boîte de pâté de production locale et 2 canettes de jus d'orange, elle est pas belle la vie! Il doit même être surpris de voir un client aussi heureux d'avoir trouvé sa boutique.

Comme j'en ai pris l'habitude hier, en passant par le front de mer je jette un coup d'œil à l'océan au cas où je pourrai poursuivre par la côte, ce ne sera pas encore pour cette fois, çà décoiffe.







Retour vers la sortie du bourg et la piste qui passe devant un joli petit phare au milieu des pins, ensuite un long chemin en forêt avant de retrouver la piste cyclable.

 






Maintenant que je suis ravitaillé je peux entamer sereinement les 15 km qui me sépare de Mimizan-Plage, d'autant que le soleil commence à revenir plus généreusement.


J'aime bien les pistes cyclables, la marche y est plus facile que dans les sentiers surtout lorsqu'ils sont trop ensablés, le parcours est plus sinueux que celui de certaines allées parfaitement rectilignes dans la forêt, et en général on alterne les paysages, de la forêt de pins à la lande plus sauvage, mélange d'ajoncs, de genêts à balais et de genévriers.



La piste cyclable permet aussi de croiser des cyclistes à défaut d'y trouver des randonneurs absents en cette saison, sauf à l'approche des quelques localités. 

Il y a deux catégories de cyclistes sur les pistes, les rouleurs, en tenue de coureurs, qui n'ont pas le temps de vous dire bonjour et les vététistes, randonneurs comme moi, en plus rapide, qui prennent le temps de vous saluer.

C'est le cas ce jour là vers midi, alors que je fais une halte au soleil pour le casse croûte, constitué du délicieux pâté de campagne étalé sur ma baguette traditionnelle. Un cyclo-randonneur, d'une trentaine d'années, s'arrête là pour pique-niquer lui aussi, ce qui nous permet de discuter un bon moment. Il fait juste une virée à la journée ce samedi, parti de St Julien-en-Born, il est passé comme moi par Contis, remonte jusqu'à Mimizan-Plage, puis Mimizan et retour par la petite départementale, 50 bornes environ.


Évidemment je ne peux m'empêcher de penser à Nils, d'ailleurs il sera au centre de notre conversation après que j'ai évoqué le choix de ma randonnée, son odyssée à vélo à travers l'Europe le laisse rêveur même s'il ne se sent pas prêt à se lancer dans une telle aventure, mais qui sait, peut être que l'idée va germer et qu'un jour il enfourchera son vélo pour une longue route. Je lui rappelle cette parole de Nils: «tout le monde peut le faire», il en convient mais sent bien que ce genre d'aventure se fait plus avec la tête qu'avec les jambes.

On parlera aussi de la météo, de la tempête et des dégâts depuis plusieurs semaines sur les plages. Et puis, après avoir partagé la banane constituant son dessert, il est temps de repartir avec chacun son moyen de locomotion, son vélo pour lui, mes pieds pour moi.

Il est vrai que je suis parti de bonne heure ce matin, mais je suis surpris d'être vers 16 h à l'approche de Mimizan-Plage, au passage près de la plage de Lespécier j'ai jugé inutile de rajouter un kilomètre pour revoir l'océan.



En arrivant à la maison forestière de Leslurgues, les promeneurs deviennent nombreux malgré les quelques courtes averses qui ont repris. 




Plusieurs circuits sont fléchés, traversant un arborétum et un espace de découverte du gemmage, opération consistant à blesser le pin pour en récolter la résine.




Je me rend compte aussi qu'il sera difficile de trouver un coin tranquille à proximité de Mimizan-Plage pour bivouaquer et ai bien envie de passer une petite nuit dans un vrai lit... au sec !


Mimizan-Plage, localité nettement plus importante, sera-t-elle plus vivante ? Pas vraiment, les premières rues sont désertes. 










En passant le pont sur le courant de Mimizan, l'activité reprend timidement, j'aperçois au loin un hôtel restaurant pizzeria, que je trouve un peu cher pour le randonneur que je suis et décide de redescendre vers Mimizan-Ville, le long de la route doublée de la voie cyclable.

Autant marcher dans la forêt est agréable, autant longer cette route avec la circulation incessante est horrible, trop de bruit, trop de vitesse, je peste régulièrement contre les bagnoles. Un panneau sur un rond point m'indique qu'il ne me reste que 9280 km pour me faire dorer sur les plages de Malibu... et Mimizan, c'est encore loin ?

J'aurai rarement trouvé une route aussi longue, content lorsque je franchis la pancarte «Mimizan» me croyant au bout de mes peines, je suis à genoux quand au virage suivant j'aperçois le clocher de l'église au moins 2 bornes plus loin! Parvenu enfin là, je trouve tout de suite une chambre dans un petit hôtel restaurant bar, ouf! 
La chambre est bien, d'ailleurs n'importe quelle chambre serait parfaite ce soir.

Il n'est que 18h, je reste allongé un bon moment avant de bouger, réalisant que j'ai parcouru 30 kilomètres aujourd'hui, puis vient le moment de pur bonheur de la douche, on y resterait des heures, j'en profite aussi pour faire une petite lessive.
Avant de descendre diner, j'étale tout mon équipement dans la chambre, la tente dégoulinante dans la douche, le matelas au sol, le duvet sur le deuxième lit, ma lessive sur les dossiers des chaises devant le radiateur, il y en a partout.


Ce soir je m'endormirai dans un lit douillet en repensant à cette journée et cette agréable rencontre, c'est sympa les pistes cyclables.