samedi 21 décembre 2013

On n'est pas sérieux quand on a dix-sept ans.


Arthur Rimbaud - Roman


Sérieux ou pas sérieux, dix-sept ans c'est l'âge idéal.
Je ne veux pas le décevoir:
Qui çà ? Le jeune garçon puis l'adolescent de 17 ans, que j'ai été.
C'est une idée qui me paraît tellement importante, de quoi me guider dans la vie.
J'ai essayé de lui rester fidèle en toute occasion et il faut bien avouer que ce n'est pas toujours facile, mais très régulièrement cette pensée vient à moi, ne pas décevoir ce garçon.
Tout le monde devrait suivre ce conseil, le monde s'en porterait mieux.
Certes l'adolescent n'a pas l'expérience de l'adulte mais possède justement cette candeur qui lui permet de rêver, d'idéaliser sa vie future.
L'adolescence, c'est l'âge des grands sentiments, des révoltes, où on est prêt à s'enflammer pour une idée, pour un idéal, mais bien souvent avec le passage à l'âge adulte l'homme perd peu à peu une part de ses convictions, et surtout accepte des compromissions que l'adolescent aurait jugé inacceptables.

Alors imaginez vous croiser dans la rue cet adolescent, comment vous regarderait-il? Vous verrait-il comme un modèle possible pour sa vie future? …ou penserait-il en silence ne vouloir jamais vous ressembler, se disant que lui ne saurait être ainsi!

Il ne s'agit pas ici de réussite professionnelle, de choix de profession ou d'apparence physique sur laquelle on ne peut toujours influer, mais plutôt sur notre type de personnalité, nos choix de vie.
Heureusement nombreux sont ceux qui n'ont pas à rougir et feraient plaisir aux ados qu'ils furent.

Je me souviens d'une réflexion faite par mon prof de français, histoire-géo, au collège alors que j'avais 14 ou 15 ans: «Toi, Jean Paul, je te vois à 30 ans avec ta petite famille, 2 ou 3 enfants, rentrant le soir chez toi, enfilant tes pantoufles et t'installant tranquillement dans ton fauteuil devant la télévision, chaque jour ainsi toute ta vie», je n'ai pas osé répondre mais me souviens avoir pensé «Comment peut-il se tromper à ce point, je ne serai jamais comme çà» c'était pour moi une telle évidence! 
Bien sûr cet aspect de la vie est louable, même à 17 ans, je n'en fait le reproche à personne, c'est le fait de virer du tout au tout que je trouve dommage, renier ce qu'on a été en quelque sorte. 
Je ne m'en souviens plus mais je pense qu'il y eut de l'hilarité dans la classe. Je ne sais pas ce que sont devenus ceux qui ont dû rire, mais je ne doute pas un instant qu'une très large majorité d'entre eux a dû accepter plus d'une compromission en oubliant idéaux et rêves de jeunesse et sont aux antipodes de ce qu'ils pensaient devenir ce jour là.

Finalement peut être que cette réflexion m'a rendu service.

Nous n'avons pas que des qualités, comment l'adolescent jugerait les défauts que nous avons pu acquérir en devenant adulte, n'est ce pas une motivation pour tenter de nous en défaire, d'autant que le temps ne fait rien à l'affaire, en général l'adulte aggrave son cas chaque jour aux yeux de l'adolescent qui, lui, ne vieillit plus, alors veillons y.
Ce n'est qu'une question d'état d'esprit, savoir garder l'enthousiasme de l'adolescent, ne pas sombrer dans le pessimisme ambiant (un paradoxe bien français), s'amuser de la vie et prendre conscience du caractère dérisoire de l'existence.

Et puis il y a tout ceux qui au fil du temps sont devenus con. Pour reprendre la chanson de Brassens «Le temps ne fait rien à l'affaire, quand on est con, on est con», certains étaient cons dès leur enfance, de p'tit con ils sont passés à grand con, gros con, puis vieux con, mais d'autres n'étaient pas prédestinés à ce brillant avenir dans l'échelle de la connerie et là, pour l'ado pas con qu'ils furent, le constat est terrible et la vérité dure à admettre!

On en connait tous, on en croise tous quotidiennement, de ces personnes qui ont oublié depuis longtemps qu'ils furent adolescents et qui en ce temps là traitaient de con ceux qui étaient à leur image d'aujourd'hui et qui ont une piètre opinion des jeunes qui ressemblent comme deux gouttes d'eau à ce qu'ils furent.

Je pense que ce que je fais aujourd'hui plairait à l'adolescent de 17 ans, qui serait ravi aussi de constater que je n'ai pas passé aux oubliettes sa soif immodérée de liberté.


N'oubliez pas ce conseil, prenez quelques instants pour penser à cet adolescent.