Mardi
25 février:
Une
petite lueur commence juste à poindre dans le ciel, lorsque je suis
réveillé par le bruit d'engins de chantier au loin. Comme il n'est
que 7h00, je reste encore une heure blotti au fond du duvet, avant le
rituel quotidien, brin de toilette, petit déjeuner, démontage du
campement.
Un
kilomètre ou deux après le départ, je rencontre les engins qui ont
rompu mon sommeil.
Je
ne sais pas quelle image vous avez du métier de bûcheron, en tout
cas pour moi une remise à niveau s'impose ce matin là.
Oubliez
cette vision du bûcheron maniant la hache avec dextérité dans les
bois, faut plus rêver...dommage
oubliez celle de la tronçonneuse même
si elle peut être encore d'actualité...
mes grands-oncles Kléber et
Marceau Robinet qui furent bûcherons durant quelques années
seraient stupéfaits.
Deux
engins, aussi colossaux que rutilants, s'activent dans la pente de la
pinède avant Biscarosse-Plage, avec à leurs commandes deux
bûcherons des temps modernes.
Je
les ai observés durant un bon quart d'heure, très impressionné.
Montre en main, entre le moment où tombe un premier pin maritime et
la chute du suivant, il se passe deux minutes, pas une seconde de
plus.
Tronçonnage du pin |
En
l'espace de ces deux petites minutes, le premier engin sur chenilles,
aura tronçonné à sa base un pin maritime de 15 ou 20 mètres de
haut, l'aura couché...
Elagage |
puis élagué toutes les petites branches qui
poussent le long du tronc et vers le sommet, enfin l'aura débité à
la longueur requise (2,2 à 2,5m), avant de passer à l'arbre
suivant.
Un
peu plus loin le débardeur sur le second engin, charge les troncs
débités...
et va les ranger le long du chemin où ils seront ramassés
un peu plus tard.
A
ce rythme, nos deux bûcherons auront abattu et conditionné 250 pins
maritimes dans la journée.
La
parcelle sera alors nettoyée, ressemblant ainsi à un champ de
guerre, avant d'y voir pousser des semis qui vont croître assez
rapidement, la boucle est bouclée.
Après
cette leçon, je parviens à Biscarosse-Plage que j'ai connu il y a
25 ans à la belle saison, inutile de vous dire que je ne reconnais
plus rien.
Bien que plus importante que bon nombre de stations
rencontrées dans les Landes, Biscarosse-Plage est presque aussi
déserte, toutefois en cherchant bien je découvre dans une supérette
de quoi assurer les repas du jour, 2 ou 3 personnes dans les rues, un
papa avec sa petite fille, un joueur de pelote basque sur le fronton
accompagné de ses deux chiens qui viennent me voir pendant que je
grignote assis sur un banc.
Je
vais tout de même voir l'océan, sous un ciel menaçant annonceur de
pluie, le vent étant toujours aussi fort je regagne les pistes
intérieures qui vont me conduire vers les premières plages au sud
du bassin d'Arcachon.
Durant
une dizaine d'années, j'ai résidé et travaillé ici dans les
années 80, toutes ces plages me sont familières, y venant les
week-end ou en semaine entre midi et quinze heures avant l'affluence
estivale.
La
première rencontrée est celle de la Salie qui reçoit
habituellement les surfeurs, ensuite on trouve la plage naturiste de
la Lagune, puis le Petit Nice plus proche de Pyla-sur-Mer.
En
général nous venions à la Lagune où des copains tenaient une
sorte de paillote, de quoi nous rafraîchir au retour de la plage.
Les baraques, paillotes de l'époque ont disparu, laissant place à
un restaurant, contrairement à autrefois le parking est tout proche
de la plage, soit il a été avancé, soit la mer a gagné sur la
côte car déjà à l'époque la configuration des lieux évoluait
d'une saison sur l'autre.
De
la plage on peut apercevoir au loin le phare du Cap Ferret de l'autre
côté du bassin.
Je
remarque une chose qui n'a pas changé, le parking de la Lagune est
toujours un lieu de drague et de rencontre gay, en le traversant je remarque le ballet de 3 ou 4 voitures, deux hommes sortant d'un bosquet partant chacun
de son côté, un peu plus loin j'ai droit à un petit appel de
phare, sans doute l'envie de se faire un randonneur pour changer des
habitudes. Là, franchement, il faut se faire soigner, nous sommes au
mois de février, il y a tempête, il pleut et çà caille!
Passé
le Petit Nice qui n'a rien à envier à la Lagune sur le dernier
point évoqué, je descends le long de la route vers Pyla-sur-Mer en
longeant la dune du Pilat par l'arrière, hélas je n'aurai pas droit
à la vue de la dune depuis la plage.
Depuis
la Lagune la pluie devient de plus en plus forte, en cette fin
d'après midi la nuit viendra rapidement. Trouver un lieu tranquille
pour le bivouac n'a rien d'évident, car en s'approchant de
Pyla-sur-Mer et La Teste, les résidences, campings et même hôtels
commencent à devenir nombreux, entre deux j'arrive à prendre un
petit sentier dans la forêt et m'installe très rapidement au milieu
de hautes fougères, même proche de la route l'endroit est discret
et de toute façon qui viendrait se promener ici à la tombée de la
nuit à part un taré de mon espèce.
Il
pleut, il pleut, je me glisse trempé dans une tente mouillée montée
en 5 minutes, dans laquelle j'ai engouffré mon sac à dos détrempé
lui aussi, dans cet espace exigu je me livre à une incroyable
gymnastique pour installer le matelas, le gonfler, dérouler le
duvet, le rentrer dans le sursac, retirer mes chaussures et vêtements
de pluie en évitant de mouiller ce que j'ai encore de sec sur moi,
enfin je peux m'allonger et respirer un peu, je suis en sueur après
cet exercice, un peu de repos, déguster mon repas, je serai vite au
lit ce soir, demain sera un autre jour.
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