jeudi 20 mars 2014

Une journée à oublier.

Dimanche 23 Février.

Quelle belle nuit ! 10 heures de sommeil d'affilée, dans un lit douillet, çà change des nuits précédentes.
Le temps de ranger tout mon attirail parfaitement sec, de reprendre une bonne douche par gourmandise, d'avaler un petit déjeuner qui me paraît copieux comparé à mes barres céréales habituelles, il est temps de reprendre la route. 
La météo prévoit deux jours de beau temps avant un retour de la pluie.

Je fais le ravitaillement pour la journée dans un supermarché à proximité, inutile de trop me charger sachant que dans les trois jours qui viennent je trouverai sans difficulté des commerces. 
En effet j'ai quitté la côte à Mimizan-Plage pour contourner le Centre d'Essais des Landes dont l'accès est interdit, même le long de la côte, les deux prochains jours vont me permettre de rejoindre l'océan à Biscarosse-Plage.

Ce n'est pas la partie la plus intéressante de mon parcours, les sentiers de randonnée sont inexistants et les pistes cyclables plutôt rares, de plus avec cet arrêt à Mimizan-Ville je suis sorti de mon itinéraire prévisionnel pour lequel j'ai une série de photocopies de portions de cartes IGN.

Autrement dit je pars ce matin sans carte, en théorie je devais passer au nord de l'étang d'Aureilhan, mais étant plus bas je le longe au sud.






Les eaux de l'étang sont au plus haut avec les dernières précipitations et les abords inondés, toutefois c'est un bel endroit avec une plage aujourd'hui sous les eaux, un petit port, et bien entendu des campings villages mobil-home, qui poussent comme des champignons au milieu des pins des Landes.














Après le lac, je suis la route jusqu'à St Paul-en-Born à 4 km, où je rate une piste cyclable accroissant ainsi mon parcours de 2 bornes, et poursuis vers Pontenx-les-Forges 4 km plus loin. 
Parcourir 8 km le long d'une route bien fréquentée est vraiment pénible, j'en arrive à penser que l'automobile est la pire invention du XXè siècle.


Ancienne gare de St Paul-en-Born
Je m'imagine un siècle plus tôt, marchant sur un chemin de terre ou empierré, ne rencontrant qu'une ou deux charrettes tirées par des chevaux, un paysan, pas pressé, se serait peut être arrêté pour savoir où je vais en vagabondant ainsi, ma besace sur l'épaule, aurait partagé un quignon de pain, un bout de fromage et offert un canon de rouge sorti de sa musette, avant de m'inviter à prendre place dans la paille de son tombereau pour un brin de route, et au lieu de tout çà j'ai droit à des vroom tonitruants, quel progrès !


Je me demande parfois ce que feraient certains de nos grands inventeurs s'ils voyaient ce qu'on a fait de leurs découvertes. Graham Bell aurait-il travaillé sur son idée de téléphone s'il avait su qu'un siècle et demi plus tard les adolescents passeraient une centaine de SMS chaque jour ?



L'homme a toujours eu un talent d'invention fantastique, et un talent tout aussi remarquable pour dénaturer, galvauder, ses inventions jusqu'à en devenir esclave, c'est là un véritable prodige du cerveau humain. 
L'être humain devrait tendre vers une recherche constante de plus de liberté, pourtant il s'entoure chaque jour de nouvelles conditions pour être réduit en esclavage. Au contraire ,«je m'entête affreusement à adorer la liberté libre» , la phrase n'est pas de moi mais d'Arthur Rimbaud, elle me colle bien à la peau sur cette route ce matin.



J'ai vu aussi que depuis quelques kilomètres je suis un chemin de Compostelle, je plains les pauvres pèlerins de passer sur une route comme celle ci, même si ce n'est que sur quelques kilomètres.


A Pontenx, direction Ste Eulalie-en-Born, toujours le long d'une route mais sans voiture, quelle transition, ouf. Après 3 km, je retrouve un endroit visible sur mes morceaux de cartes, et peux reprendre mon itinéraire à travers les landes. 




Ici les chemins sont tels qu'on les imagine dans cette région, c'est à dire rectilignes. 






Ainsi au bout d'un moment je m'aperçois que je dois parvenir tout au bout à peine visible à 2 km de là et en me retournant je constate que je viens d'un point guère plus visible à 2 km également, 4 bornes tirées au cordeau.


Encore un imprévu avec une zone marécageuse que je devais traverser sur un sentier aujourd'hui sous les eaux, ce qui m'oblige à modifier mon chemin et hélas à sortir à nouveau de la carte en poursuivant au pif.


Je suis une vague direction par rapport au soleil, qui doit m'amener pas très loin de Gastes, ma destination du jour. Apercevant une ligne électrique au loin, je me dirige vers elle et débouche ainsi après 4 à 5 km sur une route qui doit arriver à Gastes.

A un carrefour, je décide de m'assurer d'être dans la bonne direction, et fait signe à une voiture arrêtée à un stop. Il s'agit d'un jeune couple, la trentaine, la passagère me fait un non de la tête, pensant sans doute que je fais du stop, je refais un rapide geste pour lui demander de baisser sa vitre, ce qu'elle fait enfin, euh! j'ai une tenue correcte, suis propre sur moi, avec un sac à dos, l'appareil photo en bandoulière, elle a peur de quoi?

«Suis-je dans la bonne direction pour Gastes, est-ce encore loin?» demandai-je.
«Non, c'est juste à côté après le rond point».
«Merci beaucoup»...
Juste à côté après le rond point ... 3 bornes plus loin ! Sales c... ! Décidément le fait de monter dans leur bagnole, en rend certains minables, et quand je pense qu'ils n'ont que 30 ans, çà promet pour leur avenir dans l'échelle de la connerie.


Çà y est, je suis enfin à Gastes, ce soir j'ai prévu un arrêt dans un camping répertorié sur un site internet comme étant ouvert à l'année. A l'entrée, bureau d'accueil fermé le dimanche, un numéro de téléphone est indiqué, j'appelle, tombe sur un répondeur, j'indique que je m'installe et les verrai le lendemain.
Comme tout bon camping dans la région, 90% de la surface est couverte de mobil-home occupés en partie par des résidents à l'année, tout au fond derrière, un endroit pour reléguer quelques caravanes, et au milieu, autour des sanitaires, une surface permettant de disposer une quinzaine de tentes, sur laquelle je pose la mienne.

Après ma longue marche, j'espère bien profiter ce soir d'une douche, une petite visite dans le bloc sanitaire me fera vite déchanter, pas un WC ouvert, ni douche bien évidemment, pas même un point d'eau disponible pour ma bouteille, heureusement je pourrai la remplir auprès d'un résident. Inutile de vous dire que je quitterai les lieux le lendemain avant l'ouverture du bureau d'accueil, et ne vais pas me priver de donner mon avis de consommateurs sur le site internet au sujet de ce «camping ouvert toute l'année».





Au total 28 km, soit 7 de plus que prévu dans mon itinéraire, assommé par les voitures, et tout çà pour finir dans un terrain de camping qui est comme un bivouac en beaucoup moins bien, la lumière du lampadaire à 10m de la tente, bien que m'éblouissant, fait pâle figure à côté de la lune et au bivouac je n'ai pas besoin de faire 100m pour sortir du camping afin de soulager un petit besoin. Quelle journée ! La pire de mon voyage, sans aucun doute, même une journée sous la pluie, en forêt, a plus de charme.






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