lundi 17 mars 2014

Le long des pistes cyclables

Samedi 22 Février:

Le ciel me gratifie depuis hier d'une alternance de nuages et d'éclaircies, de soleil et de pluie. Ce fut le cas encore cette nuit, sauf pour le soleil vous vous en doutez, remplacé par la lune, mais de fréquentes averses sont venues mouiller ma tente qui n'en avait pas besoin, bref je suis ce matin dans le même état humide que la veille.

La toilette est aussi brève qu'hier, un coup de brosse à dents et un peu d'eau sur le visage.
Le petit déjeuner est pour le moins frugal, je grignote en effet mes deux dernières barres céréales, bien sûr mon sac à dos est plus léger mais j'aimerai bien avoir quelque chose à me mettre sous la dent avant ce soir, car 25 bornes m'attendent pour parvenir à Mimizan-Plage.






Cette matinée débute sous un ciel gris clair par un cheminement à l'arrière des dunes à travers la lande durant environ 2 km, avant de rattraper la piste cyclable qui serpente ensuite jusqu'à Contis-les-Bains à 6 km.





 J'y arrive vers 10 h, me dirige vers le centre du village et les commerces, en suivant la rue qui mène vers la plage … un désert !

Mon estomac me conseille de ne pas repartir sans être passé partout, la rue qui suit la côte, supérette fermée, la place de l'église, boulangerie fermée, une rue qui remonte vers mon point d'arrivée, l'enseigne d'un tabac presse est éclairée et en m'approchant je lis ces mots magiques: «dépôt de pain». 

Certains rêvent de gagner au loto, d'une voiture de luxe, d'un voyage au bout du monde, l'essentiel de mes désirs en ce moment va être comblé par une baguette de pain. 


D'autant que ce brave commerçant n'a pas que çà à me proposer, je prends une chocolatine à grignoter de suite, une boîte de pâté de production locale et 2 canettes de jus d'orange, elle est pas belle la vie! Il doit même être surpris de voir un client aussi heureux d'avoir trouvé sa boutique.

Comme j'en ai pris l'habitude hier, en passant par le front de mer je jette un coup d'œil à l'océan au cas où je pourrai poursuivre par la côte, ce ne sera pas encore pour cette fois, çà décoiffe.







Retour vers la sortie du bourg et la piste qui passe devant un joli petit phare au milieu des pins, ensuite un long chemin en forêt avant de retrouver la piste cyclable.

 






Maintenant que je suis ravitaillé je peux entamer sereinement les 15 km qui me sépare de Mimizan-Plage, d'autant que le soleil commence à revenir plus généreusement.


J'aime bien les pistes cyclables, la marche y est plus facile que dans les sentiers surtout lorsqu'ils sont trop ensablés, le parcours est plus sinueux que celui de certaines allées parfaitement rectilignes dans la forêt, et en général on alterne les paysages, de la forêt de pins à la lande plus sauvage, mélange d'ajoncs, de genêts à balais et de genévriers.



La piste cyclable permet aussi de croiser des cyclistes à défaut d'y trouver des randonneurs absents en cette saison, sauf à l'approche des quelques localités. 

Il y a deux catégories de cyclistes sur les pistes, les rouleurs, en tenue de coureurs, qui n'ont pas le temps de vous dire bonjour et les vététistes, randonneurs comme moi, en plus rapide, qui prennent le temps de vous saluer.

C'est le cas ce jour là vers midi, alors que je fais une halte au soleil pour le casse croûte, constitué du délicieux pâté de campagne étalé sur ma baguette traditionnelle. Un cyclo-randonneur, d'une trentaine d'années, s'arrête là pour pique-niquer lui aussi, ce qui nous permet de discuter un bon moment. Il fait juste une virée à la journée ce samedi, parti de St Julien-en-Born, il est passé comme moi par Contis, remonte jusqu'à Mimizan-Plage, puis Mimizan et retour par la petite départementale, 50 bornes environ.


Évidemment je ne peux m'empêcher de penser à Nils, d'ailleurs il sera au centre de notre conversation après que j'ai évoqué le choix de ma randonnée, son odyssée à vélo à travers l'Europe le laisse rêveur même s'il ne se sent pas prêt à se lancer dans une telle aventure, mais qui sait, peut être que l'idée va germer et qu'un jour il enfourchera son vélo pour une longue route. Je lui rappelle cette parole de Nils: «tout le monde peut le faire», il en convient mais sent bien que ce genre d'aventure se fait plus avec la tête qu'avec les jambes.

On parlera aussi de la météo, de la tempête et des dégâts depuis plusieurs semaines sur les plages. Et puis, après avoir partagé la banane constituant son dessert, il est temps de repartir avec chacun son moyen de locomotion, son vélo pour lui, mes pieds pour moi.

Il est vrai que je suis parti de bonne heure ce matin, mais je suis surpris d'être vers 16 h à l'approche de Mimizan-Plage, au passage près de la plage de Lespécier j'ai jugé inutile de rajouter un kilomètre pour revoir l'océan.



En arrivant à la maison forestière de Leslurgues, les promeneurs deviennent nombreux malgré les quelques courtes averses qui ont repris. 




Plusieurs circuits sont fléchés, traversant un arborétum et un espace de découverte du gemmage, opération consistant à blesser le pin pour en récolter la résine.




Je me rend compte aussi qu'il sera difficile de trouver un coin tranquille à proximité de Mimizan-Plage pour bivouaquer et ai bien envie de passer une petite nuit dans un vrai lit... au sec !


Mimizan-Plage, localité nettement plus importante, sera-t-elle plus vivante ? Pas vraiment, les premières rues sont désertes. 










En passant le pont sur le courant de Mimizan, l'activité reprend timidement, j'aperçois au loin un hôtel restaurant pizzeria, que je trouve un peu cher pour le randonneur que je suis et décide de redescendre vers Mimizan-Ville, le long de la route doublée de la voie cyclable.

Autant marcher dans la forêt est agréable, autant longer cette route avec la circulation incessante est horrible, trop de bruit, trop de vitesse, je peste régulièrement contre les bagnoles. Un panneau sur un rond point m'indique qu'il ne me reste que 9280 km pour me faire dorer sur les plages de Malibu... et Mimizan, c'est encore loin ?

J'aurai rarement trouvé une route aussi longue, content lorsque je franchis la pancarte «Mimizan» me croyant au bout de mes peines, je suis à genoux quand au virage suivant j'aperçois le clocher de l'église au moins 2 bornes plus loin! Parvenu enfin là, je trouve tout de suite une chambre dans un petit hôtel restaurant bar, ouf! 
La chambre est bien, d'ailleurs n'importe quelle chambre serait parfaite ce soir.

Il n'est que 18h, je reste allongé un bon moment avant de bouger, réalisant que j'ai parcouru 30 kilomètres aujourd'hui, puis vient le moment de pur bonheur de la douche, on y resterait des heures, j'en profite aussi pour faire une petite lessive.
Avant de descendre diner, j'étale tout mon équipement dans la chambre, la tente dégoulinante dans la douche, le matelas au sol, le duvet sur le deuxième lit, ma lessive sur les dossiers des chaises devant le radiateur, il y en a partout.


Ce soir je m'endormirai dans un lit douillet en repensant à cette journée et cette agréable rencontre, c'est sympa les pistes cyclables.







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