mardi 25 mars 2014

Retour vers l'océan.

Lundi 24 Février.

Normalement, je ne devrai pas avoir de mauvaise surprise aujourd'hui, le ciel est au beau et mon itinéraire figure intégralement sur mes cartes, 21 km à parcourir pour parvenir à nouveau dans un camping à Biscarosse près de l'étang de Sanguinet, avant de retrouver demain la côte atlantique.

Ce ne sera pas une balade en forêt, car je vais être sur les ¾ du parcours en ville ou zone industrielle ou commerciale, toutefois contrairement à la veille je serai beaucoup moins importuné par les voitures, en effet de la sortie de Gastes jusqu'à l'entrée de Biscarosse je marche sur une piste cyclable longeant la route.

Photo: camping-landes-le blog
Finalement je suis plutôt content de marcher aussi souvent sur les pistes cyclables, de croiser des cyclotouristes qui me ramènent à Nils.

Je ne pense pas qu'il ait roulé sur beaucoup de pistes semblables dans les pays qu'il a traversé l'année dernière au retour de la Turquie, sauf sur la fin en France et peut être en Italie, aussi je trouve encore plus remarquable cette traversée réalisée sur route.

Je l'ai constaté hier, pour moi, rencontrer une voiture toutes les dix minutes ne pose pas de problème, mais dix voitures à la minute est quelque chose d'infernal pour un marcheur. L'automobile devient alors une vraie nuisance, pollution visuelle au milieu de la nature environnante, pollution de l'air que je respire, pollution du silence ou du chuchotement de cette nature qui devrait m'entourer ici, pollution de ma liberté tout simplement car je me sens enfermé dans ce couloir de 50 cm d'herbe qui longe la route.

Cette crainte de la nuisance des véhicules a pesé dans mon choix pour cette randonnée, lorsque j'ai hésité entre un parcours à pied et un autre mi-pédestre mi-vélo, même si j'y pense, il me faudra étudier sérieusement le parcours pour emprunter des routes tranquilles.



C'est sous un beau soleil que je démarre vers 8h30, sur 5km environ, je suis encore dans la campagne au milieu d'un paysage de landes humide avec sa plante caractéristique, la molinie, qui envahi les semis de pins. 





Ensuite, je parviens aux premières zones d'activités et d'habitations qui ne me quitteront plus de la journée, à part la mienne pas l'ombre d'un randonneur dans le coin.

Un panneau m'indique que sous mes pas passent des canalisations d'hydrocarbures, en effet on trouve ici plusieurs puits de pétrole autour et dans l'étang de Biscarosse.





La piste cyclable est en partie inondée, m'obligeant à faire plusieurs détours dans le bois avant de la retrouver, ou encore à me déchausser pour traverser dans les 15 cm d'eau qui la recouvre sur une cinquantaine de mètres.


Il est un peu plus de 10h lorsque j'arrive à Parentis-en-Born, n'ayant grignoté qu'une barre céréale ce matin, il est encore temps de prendre un petit déjeuner dans un café avant de faire quelques provisions pour la journée.

Le randonneur que je suis, se sent hors de son milieu naturel avec la proximité des entreprises, garages, magasins, installés de l'autre côté de la route, heureusement côté piste cyclable c'est encore la nature qui prévaut jusqu'à l'approche de l'aérodrome de Biscarosse, idéal pour le pique nique dos à la route.

















Aujourd'hui la piste reçoit des cyclistes sportifs, en solitaire ou petit peloton.




A l'entrée de Biscarosse, un rond point nous rappelle que la cité est la capitale de l'hydravion en France depuis plus de 80 ans. 







En effet un jour, Biscarosse village de résiniers que rien ne désignait pour un destin aéronautique, fut choisi par Pierre Georges Latécoère pour devenir le lieu de montage et d'essais des plus grands hydravions français. C'était en 1930, le lac vit ainsi partir plus de 120 hydravions gigantesques, on les appelait les «paquebots des airs», à destination de New-York ou Fort de France. 

Aux commandes de ces prestigieux appareils, des aviateurs tels que Mermoz ou Saint Exupéry ont créé la légende. 
Aujourd'hui un musée de l'hydravion retrace cette épopée.






Pour rallier le camping situé au nord de la ville, je choisis de la traverser par de petites rues tranquilles plutôt qu'un passage par le centre ville, d'autant qu'il y a en final un petit chemin en forêt sur un kilomètre, et que les mimosas sont en fleur dans tous les jardins.

J'arrive au camping vers 16h30 après 21 km d'une marche plutôt agréable. Je ne trouve pas de bureau d'accueil et là encore nous sommes au royaume du mobil-home. Apercevant un résident je vais me renseigner auprès de lui pour savoir où m'adresser, c'est ainsi qu'il m'apprend que le «camping» n'accepte plus de campeur, un comble! Toutefois je suis prêt à louer un mobil-home pour la nuit, mais pour çà aussi il doute que ce soit possible, ce qui est confirmé par le gardien qu'il a appelé devant moi, l'établissement ne fait que des locations de mobil-home à l'année ou à la saison, le dit gardien conseillant de voir le camping voisin, une façon de me dire d'aller me faire f....


Le terrain à côté est fermé, ce que je savais déjà, bref me voilà ce soir à la rue juste à la sortie de Biscarosse au bord de l'étang de Sanguinet, avec ses petits ports, ses plages, c'est à dire en un endroit habité où il est impossible d'installer mon bivouac. 

Je n'ai plus d'autre choix que poursuivre ma randonnée du jour vers Biscarosse-Plage, en longeant le lac qui a largement débordé, parvenu vers Port Maguide, sur un ponton je fais le plein avec l'eau du lac, avant de m'enfoncer dans la forêt sur la piste cyclable sinueuse à cet endroit, jusqu'à trouver un coin bien protégé étant assez proche de la route et de quelques villas.


Ce soir encore je peste contre ce terrain de camping qui n'en a que le nom et trouve inadmissible qu'il soit répertorié sur un site internet en tant que «camping ouvert à l'année»...je vais me faire un devoir et un plaisir d'émettre mon opinion sur le dit camping.
Encore une journée de plus de 25 km, la troisième d'affilée, bientôt à mi chemin je commence à rêver d'un jour de repos, si les jambes suivent sans problème ce rythme de 25 km, le dos apprécie un peu moins, d'ailleurs pour les jambes ce qui est paradoxal est que j'éprouve chaque fois un passage plus difficile vers le 15è kilomètre mais passé le cap des 20 bornes, sans le sac à dos, je crois que je pourrai aisément en accomplir 10 ou 15 de plus.




Comme chaque jour lorsque mon bivouac est installé, je pense à Nils, je suppose qu'à ce moment là on a le même sens de la discrétion pour camper, on revit notre journée, on réfléchit à la suite et à cet instant, quand on se sent et se sait seul au milieu de la nature, on se délecte de cette plénitude des sentiments.
Ce soir le bruit de la circulation qui s'atténue fait place rapidement au grondement régulier de l'océan que je sens tout proche et que j'ai hâte de retrouver demain.









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