lundi 5 août 2013

L'histoire d'un vagabond.


 

Je vous ai déjà parlé de Christopher Mc Candless, le héros du film «Into the wild» de Sean Penn, racontant l'odyssée de ce jeune américain dans les années 90.

L'histoire de Christopher Mc Candless m'a beaucoup touché, et je suis très admiratif de son parcours. Solitaire, en marge de la société, idéaliste, rêveur, il n’a pas hésité après l’obtention de son diplôme, à partir sans se retourner, vers l’inconnu, étudiant brillant qui abandonne tout pour vivre «l'Aventure» avec une immense soif de liberté. Bien sûr je n'envie pas sa triste fin de vie, sa vie fut trop courte, mais il l'a pleinement vécue, avec ces 3 ans de vie intense et d’aventure à temps plein, bien que disparu à 24 ans, il aura sans doute vécu plus de temps que la majorité des gens de ce monde.






Après sa disparition de nombreux habitants, en Alaska et dans tous les États-Unis, l'ont jugé fou, illuminé, ne comprenant pas sa motivation, son idéal.

Tout a été dit sur Christopher Mc Candless, qu'il était schizophrène, autiste, homosexuel, une façon de se rassurer qu'on n'aura pas un enfant comme lui qui abandonnera tout pour partir à l'aventure en abandonnant la promesse d'un bel avenir ou, pour le moins, d'un avenir «normal».

C'est si facile de décréter que quelqu'un est fou dès l'instant où il est différent, çà évite en particulier de réfléchir à sa propre existence et de se remettre soi-même en questions.

Image du film "Into the wild"
Les habitants de l'Alaska qui l'ont jugé fou de partir ainsi, avec un minimum de vivre, sans carte précise de la région et juste un équipement pour chasser et pêcher, ont sans doute oublié que leurs propres grands-parents ou arrières grands-parents sont arrivés il n'y a pas si longtemps pour s'installer en Alaska, dans ces contrées hostiles, ils y sont venus pour certains avec femmes et enfants et avec peut être moins d'équipement que Chris Mc Candless.

Disent-ils que leurs grands-parents étaient fous?


Quand Chris Mc Candless est parti en 1992, on traitait de fou celui qui partait sans la dernière carte la plus précise du coin, aujourd'hui on traite de fou celui qui a la carte la plus précise mais pas de GPS, demain on dira fou, celui qui partira avec un simple GPS sans avoir un téléphone satellite et une balise de détresse pour le localiser … et dans 30 ans que restera-t-il de l'aventure?

En fait, il y a une chose que la société et les hommes ne pardonnent pas à Chris Mc Candless, ce n'est pas d'être parti avec un manque de préparation, c'est le fait qu'il ait abandonné ses études et le brillant avenir qui lui était promis, la société supporte mal ceux qui sont différents et n'entrent pas dans sa norme, on les admet si leur différence leur pose problème mais on n'accepte pas que cette différence leur apporte un bonheur qu'on n'atteindra pas.

Quand le modèle de société prône la possession et la réussite professionnelle on ne tolère pas celui qui réussit sa vie peut être mieux que quiconque en ne possédant rien et dans l'oisiveté, quelqu'un qui rejette l'intégralité de ce qui est vanté comme étant l'idéal, surtout si cette personne est d'une intelligence supérieure, le monde ne comprend plus et puni. Chris Mc Candless a été "puni" de son rejet d'un système, de quoi rassurer la société que son idéal est bien le meilleur et le seul à apporter le bonheur.


Après avoir été fasciné par le film, je me suis intéressé à la véritable aventure de Chris Mc Candless, tout d'abord à travers le livre de John Krakauer dont est tiré le film.

Il rassemble tous les témoignages de ceux qui l'ont connu, rencontré au cours de ces 3 années de vagabondage, ce livre très bien documenté permet de mieux l'approcher et le comprendre, le film est dans l'ensemble fidèle au livre à quelques détails, en particulier le fait qu'il n'a pas détruit ses papiers d'identité et avait un peu d'argent, le film a fait d'un garçon différent, un héros.


En fait, sa mort en a fait un héros, Chris Mc Candless aurait aujourd'hui 45 ans, aurait-il poursuivi ses vagabondages? serait-il rentré dans le moule? de nombreux inconnus réalisent la même chose durant quelques mois ou années, çà n'a rien d'héroïque, c'est juste une autre approche de la vie.
Chris Mc Candless n'a accompli aucun exploit, ses treks n'ont rien d'extraordinaire, il a parcouru les Etats Unis à pied, en stop, avec peu de moyens, en prenant son temps, il a vagabondé, tout simplement. Aujourd'hui plein de jeunes se livrent à des aventures bien plus excitantes avec le développement de nouvelles technologies en escalade, dans les airs, sur l'eau etc, mais l'état d'esprit n'est pas le même, partir ainsi en se payant l'ivresse de grandes sensations durant quelques jours ou semaines est intellectuellement facile et reste du domaine du loisir qu'offre la société, partir en abandonnant tout sans savoir de quoi sera fait le lendemain est nettement plus difficile, avec un côté spirituel, une quête de soi.
L'aventure est davantage au pas de sa porte si on part ainsi, que dans l'Himalaya si on part pour un trek de quelques semaines "package tout compris" et au cours duquel on n'a qu'à marcher en admirant le paysage, c'est sans doute pourquoi j'ai horreur de tout ce qui est organisé.
La société d'aujourd'hui vend de l'aventure, comme si l'aventure pouvait être un produit de consommation, çà relève de l'antithèse, par définition une aventure ne pouvant être programmée.



D'autres présentations du récit, devenu best-seller.

 
 

 


 


Après la lecture de ce récit, j'ai consulté des sites internet lui étant consacrés, dont le site officiel de la Fondation Mc Candless créée par ses parents et amis, fondation ayant pour but d'apporter dans le monde entier, une aide aux enfants défavorisés pour la poursuite d'études.

Pour aider la fondation un livre a été édité, «Back to the wild».
Pour plus d'infos sur ce livre et le commander, c'est ici: http://www.backtothewildbook.org/

 





«Back to the wild» contient en particulier toutes les photos prises par Chris Mc Candless durant ses voyages, toutes ses notes et lettres ou cartes postales envoyées à ses amis rencontrés sur sa route, des pages très émouvantes bien sûr. Comme il est demandé de respecter les droits pour la fondation en ne reproduisant pas ses photos, je ne vous montre que la couverture du bouquin visible un peu partout, on y voit en particulier cette photo prémonitoire d'un Christopher poursuivant ses aventures vers l'au-delà, en fait simple erreur due à une double exposition d'une bobine.
 
 
Sur certains sites, l'hypothèse d'un Chris Mc Candless aspie était évoquée. Un aspie est une personne atteinte du syndrome d'Asperger, forme d'autisme qui touche des personnes souvent très intelligentes. Pouvait-il être autiste sans le savoir? Apparemment oui, c'est possible selon le degré atteint et donc s'il était faiblement autiste. De nombreux détails dans ses habitudes, attitudes et relations avec les autres semblent correspondre à ce syndrome.

Bref de quoi m'intéresser d'un peu plus près au syndrome d'Asperger, intrigué... et pour cause.

A suivre...

Image du film "Into the wild"


 

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