jeudi 22 août 2013

Aux portes de l'autisme.



A.Modigliani - "Le fils du concierge"
Je me suis toujours senti différent des autres, même étant gamin, et j'ai toujours eu des difficultés à m'intégrer à un groupe. J'aime tellement la solitude, j'adore passer du temps avec des amis, partir en vacances avec eux est un pur plaisir, mais j'ai un besoin viscéral de me retrouver seul, je trouve parfois trop longue une période de vie auprès d'un autre, jamais une période de vie avec moi-même.

En quoi suis-je différent ? Je ne le sais pas vraiment, mais j'ai parfois l'impression qu'il existe un fossé, voire un abîme entre les autres et moi, un abîme que je contemple, que j'aimerai parfois franchir mais qui au fond m'apparait plutôt comme une protection, un fossé que la plupart des autres ne franchira pas, que très peu ont franchi.

 


Une protection entre les autres et moi, c'est peut être çà aussi qui m'a donné le goût de la photographie. Ce que j'ai ressenti et ressent toujours avec un appareil photo est très bien décrit dans le livre «L'homme qui voulait vivre sa vie», j'en avais souligné ce passage quand je l'ai lu: «En pressant mon œil sur le viseur, j'ai découvert un nouveau monde, un monde captivant, une vision entièrement neuve de ce qui m'entourait... Mais ce qui plut particulièrement au petit garçon que j'étais alors, ce fut la possibilité de me dissimuler derrière l'objectif, car l'appareil constituait une véritable barrière entre moi et les autres.»
Pour moi, un appareil photo est un rempart entre les autres et moi, et l'image que je crée, un monde à part, derrière un appareil photo je ne crains pas le danger.
 


Pour en revenir à Mc Candless, certains ont affirmé qu'il était peut être autiste malgré ces brillantes études, je croyais cela impossible, mais comme j'ai vu, le jour où j'ai lu çà, qu'il existe des tests pour mesurer l'autisme, j'en ai fait un sur internet par curiosité.

Il s'agit du test du syndrome d'Asperger, une forme d'autisme, une série d'une cinquantaine de questions, avec un résultat chiffré, on estime qu'à partir de 32 on entre dans l'autisme, la moyenne pour la population se situant autour de 15, mon résultat est de 29, donc à priori je ne suis pas aspie (atteint du syndrome d'Asperger) mais je suis loin aussi d'être dans la norme.

Quelques semaines plus tard j'ai suivi avec intérêt le docu-fiction «le cerveau d'Hugo» sur Fr2, consacré à l'autisme, de quoi m'intriguer à nouveau. J'ai refait des tests plus précis sur internet, pour compléter:
Quotient Autistique: 29 - Syndrome d'Asperger 32 à 50 … un peu en dessous
Quotient Empathique: 21 - Syndrome d'Asperger 9 à 33 … en plein dedans
Quotient Amitié et relations: 54 - Syndrome d'Asperger 35 à 78 … en plein dedans
Quotient Méthodique Révisé: 41 - Syndrome d'Asperger 50 à 120 … en dehors


Au printemps est paru le livre de Hugo Horiot (rien à voir avec le docu-fiction de FR2) «L'empereur, c'est moi», dans lequel il raconte sa vie d'enfant autiste.












 
J'ai réalisé d'autres tests sur internet, les résultats ne sont pas formels, parfois "pas tout à fait Aspie" ou comme ici "probablement Aspie".
Je ne vous montre que le résumé schématique, le rapport domaine par domaine étant plus personnel.
Seuls des tests réalisés avec un psy pourraient confirmer ou non, mais quelle importance?





 
J'ai fait aussi parfois des tests de QI, de quoi me rendre à la fois fier et mort de rire, un QI très nettement supérieur à la moyenne, me situant dans le 0,5% de population au QI le plus élevé, je ne m'en vante pas, en fait je m'en moque.


Par curiosité j'en ai refait un sur internet (Atout-test.com)
après le test du syndrome d'Asperger, un test sérieux sur 170 (selon les méthodes la notation peut varier)... résultat 165, seulement 2% ont plus de 140, 1% plus de 150.



 
 
 
 
Un autre test sur 150, résultat147.

Ceci dit, il convient de relativiser, 1% çà parait peu mais en fait celà représente beaucoup de monde. La très honorable association Mensa, admet ses membres après passage de tests pour lesquels il convient de figurer parmi les 2% au QI le plus élevé, ce qui revient à dire "être le moins con d'un groupe de 50 pris au hasard", formulé ainsi c'est un peu moins prestigieux. Mensa France compte environ 1200 membres qui s'enorgueillissent de faire partie de cette élite, pourtant si tous les français surdoués adhéraient à Mensa, il y aurait près d'un million de membres dans notre pays.

Enfin j'en ai réalisé un dernièrement sur le site:
"Auféminin.com" résultat: "Votre QI est inférieur à 90" Mdr ! ... je vous jure que c'est vrai, j'ai recommencé une seconde fois, idem. En fait j'ai constaté que pour bon nombre de questions, plusieurs réponses pouvaient être valables et que sans doute les rédactrices du test n'ont enregistré que leur réponse... ou il y a un problème dans le site, enfin bref, ne soyons pas moqueur.

De quoi expliquer mes facilités en classe jusqu'à 15 ans et aussi mes semi-échecs, des facilités qui peuvent conduire à une inaptitude aux études, réussir au bac sans faire la moindre révision, est un petit exploit dont je ne suis pas peu fier, mais avec juste la moyenne car sans travail il serait étonnant de faire mieux. Je serai gamin aujourd'hui, on me ferait sans doute passer des tests, et j'irai peut être dans des classes pour enfants précoces, ouf, j'ai échappé à çà ! De quoi avoir un brillant avenir et faire une carrière exemplaire!

Aujourd'hui je ne regrette rien, et n'ai surtout pas l'impression d'avoir gâché quoi que ce soit. Je me souviens d'une émission de Delarue, qui recevait des personnes ayant un QI très élevé, la plupart avait des résultats impressionnants dans divers domaines, certains avaient découvert leurs capacités seulement en arrivant à l'âge adulte au service militaire, mais parmi eux un jeune passait son temps entre son boulot de barman et faire de la musique avec ses potes, tous les autres essayaient de lui faire comprendre toutes les possibilités qui s'offraient à lui, ou affirmer que c'était du gâchis, pourtant lui n'en avait rien à faire, ce prestigieux avenir potentiel ne l'intéressait pas. J'avais envie d'être sur le plateau pour leur dire de lui foutre la paix et qu'il était justement suffisamment intelligent avec un tel QI, pour savoir dans quelle voie il mettait ses pas.

Certes ce ne sont que des tests sur internet, il faudrait sans doute voir avec un psy pour des tests professionnels, mais la tendance est très nette et les résultats seraient équivalents en ce qui concerne le QI (les réponses d'un test QI étant exactes ou erronées) et surement assez proches concernant le syndrome d'Asperger où là, les réponses sont plus subjectives.
 

Ces deux éléments font sans doute ma différence, et je dois bien reconnaître que je ne fais jamais le moindre effort pour m'intégrer à un groupe ou participer à une discussion si çà ne m'intéresse pas, et ce que pense les autres de mon comportement, je m'en moque, du coup j'apparais parfois comme quelqu'un d'étrange, d'énigmatique.

A l'automne dernier en lisant la biographie d'Arthur Rimbaud, j'ai vu que contrairement à ce qu'on pourrait imaginer, c'est à dire quelqu'un de brillant en société, il était taciturne, pouvant rester des heures dans son coin sans dire un mot, passant pour invivable, ce dont il se moquait... çà m'a fait rire.

Finalement les résultats de ces différents tests ne m'ont pas surpris et ne surprendront pas non plus bon nombre d'entre vous, je suis aux portes de l'autisme, un pied dedans, un pied dehors. Je suis bien dans ma mini bulle, de quoi être protégé tout en étant lucide sur le monde qui m'entoure, je peux m'y réfugier ce qui me comble de bonheur et rester un observateur étonné par ses contemporains, je suis hors norme en ayant parfaitement conscience de la norme et remercie Dieu de m'avoir mis un peu en dehors, la norme ne me convient pas.

Ma grande différence vient aussi du fait que je n'ai pas les mêmes valeurs que 99% des gens, donc j'ai du mal à les comprendre et réciproquement. Contrairement à beaucoup, je n'ai besoin de rien, çà tombe bien puisque je n'ai pratiquement rien, ne possédant guère plus que la chemise que j'ai sur le dos. En règle générale, sauf en de courts et rares passages un peu plus difficiles de ma vie, quand je me lève le matin, pour moi il fait beau et la vie est belle. Je suis un éternel optimiste, ne se faisant jamais le moindre souci, quelle chance!

 
Éternel optimiste, idéaliste jusqu'au bout des ongles, épris de liberté, "je m'en foutiste", voilà sans doute ce qui fait la différence, même si je n'ai pas toujours été à la hauteur de ce tableau idyllique.

Ma liberté ! Sans doute la seule chose pour laquelle je me serais battu si nécessaire. Par goût de liberté, j'ai pratiquement toujours été mon propre patron, ce qui finalement est plutôt une erreur.

Comme tout le monde, parvenu à l'âge adulte j'ai remis à plus tard, quand j'en aurai le temps et les moyens, mes rêves d'aventure, et comme tout le monde j'ai commencé à me mettre des chaînes aux pieds, sans doute un peu moins que les autres mais sans en être épargné. Famille à faire vivre, crédits en tout genre pour posséder tout ce que notre société conçoit pour notre bonheur, animaux familiers, etc... célibataire j'ai évité d'être responsable d'une famille, j'ai évité les crédits, mais n'ai pas échappé à tout, une entreprise qui m'a tenu pieds et mains liés, des animaux que j'ai adorés et qui me l'ont bien rendu.

Cependant depuis quelques années déjà, je me rend compte que petit à petit je me suis libéré de mes chaînes, je deviens chaque jour un peu plus libre. Alors il est temps de partir, de vivre ce que j'ai envie de vivre, il n'est pas trop tard. J'ai un peu le sentiment de vivre ma vie à l'envers, en règle générale si on rêve d'aventure, on commence par réaliser çà étant jeune, avant de rentrer éventuellement dans le moule de la société, puis arrivé à la retraite vivre avec ses souvenirs d'escapades, moi, je fais l'inverse, j'ai aujourd'hui les mêmes rêves qu'à 20 ans et si je les réalise je pense qu'ils seront encore plus merveilleux. Finalement, j'ai presque de la chance d'avoir attendu, je me sens chaque jour un peu plus idéaliste, un peu plus épris de liberté et un peu moins enclin à faire des concessions et des compromissions.

Quand on ne rentre pas dans le moule, on devient marginal, dans le bon sens du terme d'ailleurs, on vit en marge de la société. Qui a raison, qui a tort ? Je ne fais à personne le reproche de vivre une vie dite «normale», il serait bon qu'à l'inverse on admette que quelques uns aient envie de vivre autre chose, sans vouloir les faire à tout prix rentrer dans le moule.

Sauf à croire en la réincarnation, ce qui serait super, il semble que nous n'ayons qu'une vie. Alors qui est le plus sensé ? Est-il fou celui qui veut partir quelques temps à l'aventure, profiter des beautés que la nature a placées sur la plus merveilleuse planète qu'on puisse imaginer, sentir la chaleur du soleil, le froid de l'hiver, vibrer avec les éléments, lever les yeux au ciel ? Est-il raisonnable celui qui va travailler les ¾ de son existence, qui passe son temps dans la cohue que ce soit dans les villes ou pendant ses vacances, qui ne connait du monde ou même de son pays que ce qu'on lui montre à la télévision, qui se laisse prendre aux multiples pièges de la société et en devient otage? Où est le sage, où est le fou ! J'ai été fou de ne pas vivre plus tôt ce qui me faisait envie, je vais être sage en essayant de combler un peu ce manque.

 

Des aventures, j'en ai rempli mon esprit à travers des livres ou des films. Les dernières qui m'ont marqué sont celles de Chris Mc Candless et de Sylvain Tesson. Tous deux sont partis au plus profond de la nature, dans des contrées froides, seuls. J'ai évoqué l'odyssée de Chris Mc Candless, Sylvain Tesson raconte la sienne dans son livre «Dans les forêts de Sibérie» forêts dans lesquelles il a passé 6 mois d'hiver dans une cabane.








Cà, pour moi, c'est magique !!




Je crois que la personne que j'ai le plus enviée, pour ne pas dire la seule, est un mec vu dans un reportage télé de 3 ou 4 minutes il y a quelques années, je m'en souviens encore. Ce garçon vivait dans une cabane au dessus d'une station de ski, sans eau, sans électricité, descendait se ravitailler de temps en temps à la station, partait en randonnée, ou restait bloqué plusieurs jours si les conditions étaient trop rudes, ses copains montaient le voir quand ils en avaient envie.. une vie de rêve, quoi !

 

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