Arthur Rimbaud - Roman |
Sérieux ou pas sérieux, dix-sept ans
c'est l'âge idéal.
Je ne veux pas le décevoir:
Qui çà ? Le jeune garçon puis
l'adolescent de 17 ans, que j'ai été.
C'est une idée qui me paraît
tellement importante, de quoi me guider dans la vie.
J'ai essayé de lui rester fidèle en
toute occasion et il faut bien avouer que ce n'est pas toujours
facile, mais très régulièrement cette pensée vient à moi, ne pas
décevoir ce garçon.
Tout le monde devrait suivre ce
conseil, le monde s'en porterait mieux.
Certes l'adolescent n'a pas
l'expérience de l'adulte mais possède justement cette candeur qui
lui permet de rêver, d'idéaliser sa vie future.
L'adolescence, c'est l'âge des grands
sentiments, des révoltes, où on est prêt à s'enflammer pour une
idée, pour un idéal, mais bien souvent avec le passage à l'âge
adulte l'homme perd peu à peu une part de ses convictions, et
surtout accepte des compromissions que l'adolescent aurait jugé
inacceptables.
Alors imaginez vous croiser dans la rue
cet adolescent, comment vous regarderait-il? Vous verrait-il comme un
modèle possible pour sa vie future? …ou penserait-il en silence ne
vouloir jamais vous ressembler, se disant que lui ne saurait être
ainsi!
Il ne s'agit pas ici de réussite
professionnelle, de choix de profession ou d'apparence physique sur
laquelle on ne peut toujours influer, mais plutôt sur notre type de
personnalité, nos choix de vie.
Heureusement nombreux sont ceux qui
n'ont pas à rougir et feraient plaisir aux ados qu'ils furent.
Je me souviens d'une réflexion faite
par mon prof de français, histoire-géo, au collège alors que
j'avais 14 ou 15 ans: «Toi, Jean Paul, je te vois à 30 ans avec ta
petite famille, 2 ou 3 enfants, rentrant le soir chez toi, enfilant
tes pantoufles et t'installant tranquillement dans ton fauteuil
devant la télévision, chaque jour ainsi toute ta vie», je n'ai pas
osé répondre mais me souviens avoir pensé «Comment peut-il se
tromper à ce point, je ne serai jamais comme çà» c'était pour
moi une telle évidence!
Bien sûr cet aspect de la vie est louable,
même à 17 ans, je n'en fait le reproche à personne, c'est le fait
de virer du tout au tout que je trouve dommage, renier ce qu'on a été
en quelque sorte.
Je ne m'en souviens plus mais je pense qu'il y eut
de l'hilarité dans la classe. Je ne sais pas ce que sont devenus
ceux qui ont dû rire, mais je ne doute pas un instant qu'une très
large majorité d'entre eux a dû accepter plus d'une compromission
en oubliant idéaux et rêves de jeunesse et sont aux antipodes de ce
qu'ils pensaient devenir ce jour là.
Finalement peut être que cette
réflexion m'a rendu service.
Nous n'avons pas que des qualités,
comment l'adolescent jugerait les défauts que nous avons pu acquérir
en devenant adulte, n'est ce pas une motivation pour tenter de nous
en défaire, d'autant que le temps ne fait rien à l'affaire, en
général l'adulte aggrave son cas chaque jour aux yeux de
l'adolescent qui, lui, ne vieillit plus, alors veillons y.
Ce n'est qu'une question d'état
d'esprit, savoir garder l'enthousiasme de l'adolescent, ne pas
sombrer dans le pessimisme ambiant (un paradoxe bien français),
s'amuser de la vie et prendre conscience du caractère dérisoire de
l'existence.
Et puis il y a tout ceux qui au fil du
temps sont devenus con. Pour reprendre la chanson de Brassens «Le
temps ne fait rien à l'affaire, quand on est con, on est con»,
certains étaient cons dès leur enfance, de p'tit con ils sont
passés à grand con, gros con, puis vieux con, mais d'autres
n'étaient pas prédestinés à ce brillant avenir dans l'échelle de
la connerie et là, pour l'ado pas con qu'ils furent, le constat est
terrible et la vérité dure à admettre!
On en connait tous, on en croise tous
quotidiennement, de ces personnes qui ont oublié depuis longtemps
qu'ils furent adolescents et qui en ce temps là traitaient de con
ceux qui étaient à leur image d'aujourd'hui et qui ont une piètre
opinion des jeunes qui ressemblent comme deux gouttes d'eau à ce
qu'ils furent.
Je pense que ce que je fais aujourd'hui
plairait à l'adolescent de 17 ans, qui serait ravi aussi de
constater que je n'ai pas passé aux oubliettes sa soif immodérée
de liberté.
N'oubliez pas ce conseil, prenez
quelques instants pour penser à cet adolescent.
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